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GRÉGOIRE DE NAZIANZE

diction avec l’évêque Anthime de Tyane. Pour défendre sa frontière, il érigeait en évêché la bourgade de Sasima, objet de litige, et exigeait de son ami qu’il se laissât nommer évêque et qu’il en prît possession. Grégoire céda, comme il cédait toujours à ceux qu’il aimait. Mais ce qu’on attendait de lui répugnait trop à sa nature. Sasima, bourg bruyant et grossier, où avait lieu la perception des impôts, où retentissaient sans cesse les cris et les disputes, lui faisait horreur. Il s’enfuit de nouveau dans la solitude. Et quand, une seconde fois, les prières instantes de son père eurent réussi à l’en tirer, l’année suivante, ce fut à Nazianze qu’il revint, pour lui servir encore de coadjuteur. Il lui succéda sur son siège épiscopal en 374. Mais, au bout d’un an, Nazianze même lui devint insupportable ; et, abandonnant l’administration de son évêché, il alla vivre en solitaire à Séleucie d’Isaurie.

Ce fut là qu’il apprit en 379 la mort de Basile. À peine avait-il prononcé son éloge funèbre qu’une nouvelle et bien lourde charge lui était imposée. Les orthodoxes de Constantinople, longtemps opprimés par les Ariens, avaient repris courage, à la suite de l’avènement de Théodose (19 janvier 379), et ils l’appelaient à eux pour leur servir de chef. Grégoire vint, et, pendant deux ans, se dévoua à la tache pénible et dangereuse qu’il avait acceptée. Il avait à lutter chaque jour contre ses adversaires, au péril même de sa vie, à encourager les siens, à maintenir parmi eux la concorde, malgré les germes de divisions, à négocier avec l’autorité impériale. Grâce à son caractère et surtout à son éloquence, il y réussit en partie. En 381, le second concile œcuménique se réunit à Constantinople. Les premiers évêques arrivés désignèrent Grégoire pour occuper le siège épiscopal de la métropole, et il en prit possession ; mais bientôt il vit la régularité de son élection contestée par