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Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/39

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XXXV
INTRODUCTION.


moi de feu pour les choses terrestres ; mais une eau vive jaillit dans mon cœur et me dit : viens au Père. Je ne me nourris donc pas de périssables joies, ni des voluptés de la vie, mais je soupire après le pain de Dieu qui est la chair et le sang de Jésus-Christ[1]. » Il demeure évident par le contexte, que dans les paroles soulignées, amour signifie concupiscence. C’est ainsi, du reste, que l’ont compris les meilleurs hellénistes[2]. Or, on ne saurait douter que saint Denys n’ait connu le vrai sens de saint Ignace. Donc il n’a pas pu songer à invoquer son autorité en cette rencontre ; et si son livre se trouve enrichi de cette citation malencontreuse, ce n’est pas à lui sans doute qu’il faut l’imputer.

Telle est la double solution par où l’on réfute péremptoirement, selon nous, la difficulté fondée sur le mot de saint Ignace.

3o Doit-on penser que toutes les cérémonies que décrit saint Denys aient été en usage dès les premiers temps ? Les courses laborieuses des apôtres et leur rapide séjour parmi les chrétientés naissantes, pouvaient-ils permettre une aussi complète organisation du culte divin ? Et quand même ils eussent laissé aux Églises un rituel si détaillé, est-il croyable qu’on l’eût suivi ponctuellement sous l’œil inquisiteur des païens, et sous le glaive des persécutions ? Car saint Denys cite une foule de pratiques touchant la célébration et l’administration des sacrements, et en particulier touchant les devoirs funèbres rendus aux chrétiens[3].

En premier lieu, il est facile d’enseigner et d’apprendre en quelques courtes journées les rits sacrés dont saint Denys fait l’exposition. Effectivement, si du livre de la hiérarchie ecclésiastique on retranche les notions dogmatiques, et les considérations pieuses, il restera tout au plus cinq ou six pages, composant le rituel de notre au-

  1. S. Ignat., Epist. ad Rom., no 7.
  2. Joann. Brunner, apud Petr. Halloix.
  3. De Eccles. hier., passim.