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Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/40

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XXXVI
INTRODUCTION.


teur. Or, il y a plus que de l’inconvenance à baser une objection sur l’énorme amplitude de ces documents.

Puis, quelque peu de temps que les destructeurs rapides du paganisme aient dû mettre à fonder les diverses Églises d’Asie, d’Afrique et d’Europe, il faut cependant convenir qu’ils ont établi et réglé parmi les fidèles la forme du culte public. Car quelle était leur mission, sinon d’apprendre aux Juifs et aux Gentils la doctrine et la pratique des sacrements, par où l’on reçoit, l’on maintient et l’on recouvre la vie spirituelle ; sinon d’annoncer le vrai Dieu et la manière de l’adorer ? Il est donc impossible qu’ils n’aient pas laissé sur ce point capital des instructions positives, qui pouvaient, sans exagération, former la matière de six pages.

De plus, ce n’est pas sérieusement sans doute qu’on cherche dans l’idée de la persécution alors déchaînée, le moyen d’aggraver la difficulté. Personne n’ignore que les orages, qui accueillirent le christianisme naissant, n’empêchèrent pas les fidèles de prier et de sacrifier en commun. Entre autres preuves de ce fait, nous pouvons citer la lettre de Pline-le-Jeune au persécuteur Trajan[1]. Si donc l’autorité publique connut ces réunions et les toléra, les rits innocents du peuple chrétien purent s’exécuter sans peine. Si au contraire elle ne les connut pas, il était toujours aussi facile de faire des génuflexions, que d’opérer des rassemblements à son insu.

Enfin, quand il serait impossible d’expliquer comment on eut, dès les premiers siècles, un cérémonial complet, si pourtant le fait est constaté, personne ne devra nous opposer une fin de non-recevoir. Or, l’origine reculée, l’apostolicité de la liturgie est un point hors de toute controverse. L’observation que nous ne possédons aucun rituel rédigé par les apôtres ou leurs successeurs, et qu’ainsi ce qu’on sait aujourd’hui des rits antiques, ne nous vient que par tradition, ne fait difficulté que pour les protes-

  1. Annal. Baron., ad ann. 104.