Aller au contenu

Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
CHAPITRE IV.


cause. Car ou le mal dérive du bien, ou le bien dérive du mal, ou il faut assigner au bien et au mal une source différente : car la dualité ne peut être principe, l’unité au contraire est le principe de la dualité. Or personne assurément ne soutiendra que d’une seule et même chose puissent procéder deux choses de tout point contraires, et qu’au lieu d’être simple et un, le même principe soit composé, double, opposé à lui-même et variable. Mais on n’admettra pas non plus deux principes contraires, qui d’une part se pénètrent mutuellement et régissent le monde, et de l’autre se livrent constamment la guerre ; ou en cas qu’on les admette, d’abord Dieu ne sera pas indépendant, ni sans contradiction, si toutefois son éternelle paix peut jamais être troublée ; ensuite le désordre et une hostilité permanente régneraient dans l’univers. Pourtant la bonté suprême établit l’harmonie entre tous les êtres ; et elle est la paix même, et elle donne la paix, comme disent les écrivains sacrés. C’est pourquoi toutes choses bonnes s’entr’aiment, et forment un merveilleux concert, produites par une même activité, ordonnées par rapport à un même bien, régulières et unanimes dans leur mouvement, et se prêtant un mutuel appui. Ainsi le mal n’est point en Dieu, et n’a rien de commun avec lui. Le mal ne vient pas de Dieu non plus : car ou il faut oser dire que Dieu n’est pas bon ; ou Dieu fait du bien, et produit des choses bonnes, et il n’est pas seulement l’auteur de quelques biens, mais de tous les biens, et il n’opère pas aujourd’hui ce qui est bon, et demain ce qui est mauvais : autrement ce qu’il y a de plus sublime en lui, la causalité, serait soumis au changement et à l’altération. Et effectivement, ou la bonté constitue l’essence même de Dieu,