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Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/14

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» est permis de les définir comme étant les génies des jouissances » des sens, du manger et du boire ; ainsi, l’on voit Yast 19, 96, » qu’ils vainquent la Faim et la Soif. Mais en dehors des invocations générales, on ne trouve pas grand chose qui puisse nous » permettre des conclusions précises sur la nature de ces deux » divinités. Dans le deuxième Yt. § 3, et dans le premier Sîroza, » §§ 6-7, Haurvatà^ est mis en rapport avec la Bonne Habitation (dem guten Wohnen), Ameretà^ avec les pâturages, ce » qui s’explique suffisamment par leurs propriétés : l’eau est » partout une condition essentielle d’une bonne habitation, et, dans » une contrée pauvre en eau comme l’Iran, elle est plus que partout ailleurs la bien-venue ; d’autre part, un peuple adonné à » l’agriculture et à l’élève des troupeaux devait estimer le génie » des plantes surtout comme protecteur des grains et des pàturages. — Haurvatâ^ et Ameretâ^ ont pour adversaires les démons » Tauru et Zairica... Du Yast 19, 96, il faut conclure peut-être » que ces démons sont identiques à la faim et à la soif^^1. »

§ 3. Ce résumé ne laisse pas à l’esprit une idée bien nette : cela tient à ce que l’auteur n’a pas essayé de classer les données des textes, de distinguer les attributs anciens et primitifs des attributs récents et dérivés, en un mot d’en faire l’histoire. Le travail suivant a pour objet de combler cette lacune ; il comprend deux parties : dans la première, on essaiera de montrer que les deux divinités dont il s’agit ont une histoire, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas été tout d’abord ce qu’elles sont aujourd’hui ; on cherchera donc à remonter la série de leurs transformations jusqu’à l’époque de leur formation, et à déterminer les éléments dont le concours leur a donné naissance ; dans la seconde partie, on essaiera de montrer que ces éléments existaient déjà dans la période indo-iranienne, c’est-à-dire dans la période où les Ariens de la Perse et les Ariens de l’Inde, déjà séparés des Ariens d’Europe, ne formaient encore qu’un seul peuple, professant une même religion.

1. Traduction de l’Avesta, III, pp. Il et 48 de l’Introduction.