Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/19

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§ 7. Cette donnée, que l’Avesta ne l’ournit point directement, du moins il la confirme par des traits concordants, qui prouvent que les Parses sont dans le vrai.

1°. «Quel esiV Ashcmi-vohu^, demande Zoroaslre, qui en vaut dix autres en grandeur, en sainteté, en excellence ? — C’est, répond Ahura, celui qu’un liomme, nu moment de manger, récite à Haurvatâ^ et à Ameretàt^^2. » — Génies des eaux et des plantes, ils sont tout naturellement désignés pour présider à la nourriture de l’homme.

2°. Dans les chapitres liturgiques du commencement du Yaçna, le prêtre, invoquant les différentes matières du sacrifice, dit : «je célèbre et j’invoque le Bareçma élevé sur son support, avec les zaothra (libations) ; (j’invoque) l’aliment du Myazda, (j’invoque) haurvatât ameretât^^3. Comme dans l’hémistiche de Virgile : hestermo infiatus laccho, Bacchus n’est plus le dieu du vin, mais le vin même ; de même, dans cette mvocSiiioYiJiaurvatài et ameretât ne sont plus les génies des eaux et des bois, mais l’eau même et le bois du sacrifice ; avirdâda, dit Nériosengh, c’est l’eau ; amirdâda, c’est le bois : « Avirdâdam udakam, Amirdâdamca vanaspatim^^4. »

Un pareil emploi n’est possible que si l’attribut matériel est devenu tellement essentiel à la divinité que le nom de celle-ci évoque aussitôt l’idée de l’objet sur lequel elle règne. L’exemple précédent prouve donc qu’au temps où furent composées les parties liturgiques du Yaçna, l’idée de l’eau et de la plante était devenue aussi inséparable du nom de Haurvatât et d’ Ameretâif que l’idée du vin l’est du nom de Bacchus^^5.

1. Prière ainsi nommée des deux mots qui la commencent. 2. Kà aèva ashù-çtùitis yà daça anyaèshàm ashô-ctùtanâm maçanaca vanlianaca çrayanaca aregaiti. — paiti-sê aokhta aliurô mazdào. hàu bâ ashâum zarathustra yâm nà franhareta haurva/byaamereta^bya aslieni çtaoiti Yt. xxi, 6-7. — Je regarde ashem çtaoili comme formant un verbe composé ; c’est le dénominatil" do ashô çtûitis, le mot technique pour la récitation de Vasiiem. La phrase signifie mot à mot : quae est aski-recitatio. .. ? — Ilaec quam vir comesor (comedens) ashi-recilat. Selon le Sad-der (20, 22. Hyde, veterum Persarum religio) par chaque bouchée mangée avec prière, on s’assure au jour du jugement dernier l’intercession de Khordùd et d’Amurdàd pour autant de fautes commises. 3. bareçmana paiti-bareta badhazaotlira... — qarethem myazdem àyôçè yèsti haurvàta ameretàta Yç. III 1, 2. Bareçma ou Barsom : rameaux sacrés ; myazda : chair du sacrifice (c’est le miyedha védique). 4. Nériosengh III, 2.

5. Notons ici un exemple de l’action que l’association des idées peut