Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/20

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§ 8. La première citation du précédent paragraphe nous montrait Haurvatâ^ et Ameretâ^ présidant à la nourriture de l’homme. Ceci nous explique un trait curieux de leur développement dans la période parsie. Suivant les Parses^^1, « les justes protégés par ces Amschaspands seront rassasiés dans le Behescht (le paradis) sans manger^^2. » Les saints mazdéens, au temps de l’Avesta et même du Minokhired, avaient l’appétit plus exigeant, et sitôt que leur âme, échappée aux attaques du Daêvas, était arrivée auprès d’Ahura Mazda, celui-ci leur faisait servir parles célestes Izeds les aliments les plus exquis, l’huile de Maidyozarm^^3. Voici les intermédiaires de cette conception à la précédente.

1°. Quels sont les génies chargés de préparer ces aliments dont se repaissent les justes ? Evidemment ce ne peuvent être que les génies qui « sur terre produisent tout ce qui est doux et bon dans l’eau, dans les arbres, et dans toute la nature^^4.» Donc Haurvatâ^ et Ameretâ/ nourrissent l’homme dans le ciel : « Haurvatàt et Ame ?X’tât, dit en personne Almra-Mazda, sont le salaire des purs qui passent dans l’autre vie : mîjdem ashâunàm parô-açti gaçentàm^^5. » Peut-être le texte est-il même plus net et plus catégorique : peut-être faut-il lire myazdem au lieu de mîjdem et traduire : sont V aliment des purs, au lieu de : sont la récompense. L’édition de M. Westergaard ne donne point, il est vrai, cette variante : mais la traduction d’Anquetil (« qui donnent le Miezd aux purs ») en suppose l’existence. Nous trouverons plus loin la même idée exprimée dans la partie de l’Avesta dont la rédaction est la plus ancienne, dans les Gâthàs (v. § 35).


1. Du xviiie siècle. Mais la doctrine remonte sans doute infiniment plus haut. Au point de vue purement logique, elle est née en même temps que la glose du Bundehesh : Khorasn là apâyat. Voir plus bas, même paragraphe.

2. Anquetil, Mémoires de l’Académie des Liscriptions et Belles-Lettres, tome XXX [V, page 393.

3. qarethanâm baretanâm zaremayèhê raoghnahê. Yt. XXII, 18. vas qaresn qastum, à i maidyozarm raogan havas barî/. Minokhired, éd. West II, 152.

4. Anquetil l. c.

5. Yt. 1, 25.

    exercer sur la phonétique. Haurva est devenu dans les dialectes modernes har ; haurvatàt devait .donner hardâd ou hordâd. Mais h zend peut devenir kh (cf. Khosru = zend Huçravas^ h côté de hunar «mérite» = zend Jiunara). L’idée de Haurvatàt éveillant celle d’aliments, le mot *hordâd éveilla le souvenir du verbe khordan manger, et ce souvenir détermina le kh de Khordâd (cf. la deuxième note du § 30).