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Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/24

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II.

§ 10. Les exemples précédents nous ont montré Haurvatât et Ameretât constamment associés ; d’où vient cette union ? Pour que deux divinités fassent couple, il faut que les objets auxquels elles président fassent couple ; autrement dit, ce lien étroit que le Mazdéisme établit entre le génie des eaux et le génie des bois doit se retrouver établi entre les eaux et les bois ; et si Haurvatât et Ameretât sont invoqués ensemble et agissent ensemble, les eaux et les bois doivent être invoqués ensemble et agir ensemble.

Les textes confirment cette induction. À quelque page qu’on ouvre l’Avesta, on n’a pas long à feuilleter pour trouver un exemple de ce nouveau dvandva^^1 : eaux et plantes. Ce n’est point que partout où paraissent les eaux, les plantes suivent nécessairement ; c’est ainsi que dans les Védas, Djâus (le Ciel) peut paraître parfois sans sa compagne habituelle Prthivî (la Terre) ; ce n’est point non plus que partout où les eaux et les plantes sont réunies, elles excluent tout étranger de leur compagnie ; Dyâus et Prthivî admettent bien dans leur intimité Antarixam (l’Atmosphère) et parfois même se trouvent séparés l’un de l’autre par un flot d’étrangers ou d’alliés lointains. Pour que deux objets fassent couple, il n’est point nécessaire qu’ils forment société constante et exclusive ; il faut et il suffit qu’ils paraissent fréquemment réunis, comme sujets ou objets de mêmes actions, ou d’actions réciproques. Tel est le cas dans les Védas pour le Ciel et la Terre ; tel dans l’Avesta pour les eaux et les plantes. Elles sont invoquées ensemble :

« Je célèbre et j’invoque toutes les eaux créées par Mazda, pures ;

je célèbre et j’invoque tous les arbres créés par Mazda, purs^^2. » —

Puisse Ahura régner à son gré sur les eaux, à son gré sur les arbres, à son gré sur tous les biens d’origine pure^^3. » —

1. J’emploie ce mot au sens de couple, réservant au dvandva des grammairiens le nom de dvandva grammatical ou dvandva parfait .

2. Vîçpào âpô mazdadhàtâo ashaonis yazamaidê. vîçpâo urvarâo mazdadhâtâo ashaonis yazamaidê. Yç. 17, 71. Cf. 1, 39 ; 2, 49 ; 17, 50, etc.

3. (Vaçaçca tù ahura mazda ustâca khshaêsha havanâm dâmanâm) vaçô âpô vaçô urvarâo vaçô vîçpa vohu ashacithra. Yç. 8, II.