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Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/25

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« Dis-moi », demande Zoroastre à Ahura, « dis-moi qui a fixé, pour qu’ils ne tombent, la terre et les êtres immobiles (les astres) ; qui les eaux et les arbres^^1 ? »

Les prescriptions relatives aux eaux amènent à leur suite des prescriptions relatives aux arbres^^2 ; ce qui souille les uns souille les autres : l’endroit où l’on porte un mort doit être aussi loin que possible de toute eau et de tout arbre^^3 ; on doit veiller à ce que les oiseaux carnivores ne portent ses restes à l’eau ni aux arbres^^4. Eaux et arbres sont associés dans les cérémonies de purification et c’est aux essences des arbres odorants à achever l’œuvre des eaux^^5. Toute allusion à l’eau qui coule (tacatâpo) amène constamment dans le paragraphe qui suit l’arbre qui pousse {iikhshyai-urvarâo)^^6.

Nous avons déjà rencontré plus haut (§ 7) le dvandva grammatical haurvatâta ameretâia désignant l’eau et le bois du sacrifice ; ce dvandva est indirect et métaphorique, puisqu’il désigne les éléments, non par eux-mêmes, mais par l’intermédiaire et sous les traits des divinités qui les régissent. Mais l’Avesta nous offre aussi le dvandva direct et immédiat, dvandva parfait, formé des noms combinés des deux objets : quand Yima régnait sur la terre, dit Haoma, « il affranchit de la mort les

1. Kaçnâ deretâ zâmca adénabâoçca avapaçtôis ké âpô urvaràoçca. Yç. 43, 4.

2. Vendidad, 8, 300-304.

3. Id., 3, 50.

4. Id., 6, 97. Cf. Vd. 15, 33 ; 12, 8.

5. Id., 9, 129-130.

6. Yt. 13, 43. La constance de ce rapprochement permet de rétablir le texte avec une certitude absolue dans un passage de ce même Yast ; il est dit au ji 53 que les Férouers montrent une route aux eaux qui étaient longtemps restées afrâtai.kushîs. M. Justi traduit nicht ans den Hœhlen hervorkommend et rapproche le second terme de ce composé apparent du sanscrit kuxi. Or, au § 55, les Férouers font pousser les arbres qui étaient restés longtemps sans pousser, afraokhshijeintîs. Il suit de là que afrâlat.kushîs est un participe répomhint iiafraokhs/ii/eintîs ; supprimons l’a privatif et le prélixe/ra qui répondent à l’a privatif et au préhxe/ra de afraokhsht/eifitîs, il reste tat.kvshîs qui doit venir de la racine tac, courir ; or tatkushîs est en effet le pluriel féminin régulier d’un parfait à forme védique de tac ; cf. paplivâns de pat, et petvshî = paptushî. Afrâtai.kushîs signifie donc non procurrentes et toute la restitution consiste à supprimer le point de séparation et par suite à changer t en t. Le § suivant confirme la correction : « et alors les eaux courent en avant : âpô frataceñti ». — M. Westergaard propose fratatakushîs ; l’addition de l’a est inutile.