Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/30

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l’univers ne peut pas se traduire omne hoc, mais universum hoc ; sarvaçveta ne signifie pas seulement blanc entre tous, mais aussi blanc en son entier^^1.

4° Enfin le sens de tout entier a conduit au sens de tout. C’est ainsi que totus a pris dans les langues romanes le sens de omnis^^2. C’est le sens le plus fréquent de haurva, et le sens classique de sarva. De ce sens au sens premier de salvus il n’y a qu’un pas, qui se franchit quand l’objet auquel s’applique l’épithète peut être considéré comme faisant partie d’une collection d’objets qui se comptent. Cette considération permet de montrer que si le sanscrit ne connaît plus à sarva d’autre sens que celui de tout, néanmoins un certain nombre des expressions où le mot entre se sont formées à une époque où il avait encore sa valeur étymologique. Soit par exemple l’expression védique viç sarvavîrâ ; traduite suivant le sens primitif de sarva, elle signifie : une maison qui a ses hommes entiers, sains et saufs ; mais l’idée de pluralité contenue dans vira réagit sur sarva ; « la maison qui a ses hommes entiers » devient « la maison qui a ses hommes au complet, » qui a tous ses hommes ; mais la preuve que le premier sens est bien le sens primitif, c’est l’emploi de sarvavira comme épithète d’êtres qui ne sont pas possesseurs d’hommes, et où l’ épithète, bornée au sens classique, devient singulièrement embarrassante. Le dieu Pùshan est svastidâ sarvavira ; traduira-t-on : le dieu qui donne la félicité, qui conserve tous ses hommes ? Quels sont ces hommes ? La traduction du dictionnaire de Samt-Pétersbourg, conduisant tous les guerriers (aile Mannen fiihrend), est un expédient arbitraire et n’a pour elle que l’impossibilité de traduire par le même mot Fûshan sarvavira et viç sarvavira en partant du sens de omnis : Pûsliayi svastidâ sarvavira signifie : « Pûshan qui felicitatem dat, qui salvos viros facit ». Soma, çûragrâmas sarvavîras (6. 23. 4) est le dieu qui donne la puissance au bourg, le salut aux hommes ; autrement dit sarvavira est l’équivalent de arishiavira, « qui a ses hommes non blessés^^3. »

1. Ibid. s.v.

2. Et salvus même, en ombrien, sous la forme sevo.

3. Cf. RV. L 41. 2 Yam bàhuteva piprati pânti martyam risbah arishtas sarva edbate

Lo mortel qu’ils conduisent comme par la main, qu’ils protègent de toute blessure, grandit non blessé, sain et sauf.

AV. in. 2. 1. Tâm tvâ cale sarvavîrûs suvîrû arishiavîrâ upa sam carema.