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ce sens ; mais le latin ser-vu-s (celui qui garde, d’où dérive servaré), offre l’équivalent parfait de hawrva pour le sens et pour la l’orme.

2°. Le latin, à coté de la l’orme à sens actif, ser-vus, offre une forme à sens passif, sal-vu-s (celui qui est conservé, qui est intact), et qui, comme servus, remonte à une racine SAR et à un primitif sar-va ; les langues de l’Europe ayant divisé la voyelle primitive a et la consonne primitive r, le latin a pu marquer la différence de sens par une différence dans la forme. Le zend, où cette division n’a pas eu lieu, n’a pu distinguer les deux sens par une différence phonétique et haurva cumule le sens de salvus avec celui de servus. Ce sens se retrouve dans l’expression haurva-fshu = *salvi-pecus, qui a ses troupeaux intacts :

« pairî paçûs pairî vîréfig çpentài manyavê dademahî ; haurva-fshavô drvô-gaêthâo drva-fsliavô drvô-vîrâ^^1. » — « Nous remettons aux mains du saint Esprit nos troupeaux, nos hommes ; afin d’avoir nos troupeaux intacts, nos biens, nos troupeaux, nos hommes en bon état. »

3°. Ce qui est conservé sain et sauf est entier ; de là haurva passa au sens de totus : vîçpâm haurvâm tanûm çûnô^^2 « un corps de chien tout entier^^3 » ; le sanscrit sarva offre des exemples certains de cet emploi :

sarvâ aham asmi romaçâ gandhârînâm iva avikâ^^4 RV. I. 126. 7.

« Je suis toute velue, comme une brebis des Gandhâri ; »

Ya uçatâ manasâ somam asmai

sarvahṛdâ devakâmas sunoti RV. X. 160. 3. « Celui qui d’une âme aimante, de cœur entier, ami des dieux, presse pour lui le soma. »

L’expression classique sarvam idam employée pour désigner

1. Yç. 57, 17.

2. Vendidad, 6, 50. viçpâm fait ici double emploi avec haurvâm dans le sens de totus, comme il le fait au sens de omnis dans le pehlvi harviçp.

3. Le latin offre la même analogie. Salvus (ou mieux la forme dialectale *solvus, correspondant à la série grecque ὁλϝος (olwos) etc.) a donné par assimilation sollus = totus, d’où solli-citus, soll-ers, et en osque solliferrea (tela tota ferrea ; v. Festus s.v. solitaurilia. De même le grec transforma ὁλϝος (holwos) d’une part en οὗλος (houlos), (salvus), d’autre part en ὅλος (holos) (sollus) ; cf. Curtius, Étymologie grecque, 3e éd., p. 503.

4. Voir Dictionnaire de Saint-Pétersbourg, sous sarva et les composés.