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Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/36

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Haurvatâtem araeshem çpeîitem yazamaidê,

Yâiryàm hushitîm yaz. çareda ashavana ashahê ratavô yaz[1].

M. Spiegel traduit : « Nous invoquons Haurvatât, l’Ameshaçpefita ; nous invoquons la bonne habitation annuelle [das jdhrliche gutewohnen) ; les années pures, maîtres de pureté». Selon M. Spiegel, Haurvatât, génie des eaux, est mis en rapport avec la bonne habitation, parce que l’eau est partout une condition essentielle d’une bonne habitation et dans le sec Iran plus que partout ailleurs (§ 2). Il n’est point douteux qu’il ne soit commode en tout lieu du monde d’avoir de l’eau sous la main et il est certain que les ménagères apprécient fort les maisons où l’eau coule sur l’évier ; j’ai peine à croire néanmoins que hushiti ait le sens particulier qu’on lui donne ici et qu’il soit à Haurvatà^ dans le rapport indiqué. Hushiti ne signifie la bonne habitation que pour l’étymologiste ; pour la langue, il a pris un sens plus large et plus général. Parfois, il est vrai, Nériosengh le traduit conformément à l’étymologie saynvatsarâncmi sunivâsitàm[2] et en cela il suit la traduction pehlvie : santâyin humânisnis ; mais il n’y a de là aucune conséquence à tirer sur le sens que le mot avait, même pour les traducteurs. On sait en effet que fidèles au système de traduction ordinaire en Orient, ils s’attachent autant que possible à rendre élément par élément ; ils ne traduisent pas hushiti, ils traduisent hu et shiti, ils donnent le sens des parties du mot, non le sens de résultante, et de ce que Nériosengh le rend par nivâsitâ, il ne s’en suit pas nécessairement qu’il signifie pour lui nivâsitâ. Pour connaître le sens qu’il y attache, il faut donc chercher d’autres passages où la traduction soit moins littérale. Or dans des passages absolument identiques[3], au lieu de nivâsitâ, il donne su gîvatii, c’est-à-dire le mot même qu’il emploie pour rendre le zend huģyâiti, labomie vie, le bien-être {yaçna 32, 5 ; cf. § 33, 25). Donc hushitiestle bien-être et ce sens est confirmé par le sanscrit védique ; la racine œi, en effet, marque moins l’idée d’habitation au sens français du mot, que l’idée du repos que le mot sous-entend ; suxiti n’est point « la bonne habitation », mais le bonheur de la vie calme : c’est est une des formes du svasti :

    qui président aux trente jours du mois. Il y en a deux, un grand et un petit ; celui-ci, ou premier Sîrozah, est l’abrégé de l’autre.

  1. Sîrozah II, 6.
  2. Nériosengh, 6, 17.
  3. Nériosengh 1, 18.