Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/37

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vîhi svastim suxitim divo nṝn (6. 2. 11)

« du haut du ciel, envoie aux hommes félicité, bien-être. »

isham ûrģam suxitim viçvam âbhâh. (10. 20. 10)

« il a porté à tous vigueur, force, bien être^^1. »

C’est donc avec raison que Nériosengh rend hushiti par sugîvani ; hushiti est le bien-être, et s’il était rapproché de Haurvatâ^ sans épithète, on pourrait croire que dans cette formule le sens primitif de ce dernier mot, santé, est encore compris. Mais l’épithète yâirya qui accompagne hushiti détermine et limite son sens et montre en même temps que Haurvatât est ici le dieu de l’Abondance. En effet, hushitîm yâirycmiyazamaidê signifie : Nous adorons « le bien-être de Vannée », c’est-à-dire le bien-être que l’année apporte dans le cours de ses productions. Haurvatât paraît donc ici, non avec sa valeur abstraite primitive (Santé), ni avec sa valeur concrète (dieu des eaux), mais avec sa valeur abstraite dérivée (Abondance) ; l’attribut concret et particulier reste effacé et laisse au premier plan l’attribut abstrait et général qui en est sorti ; je dis effacé, et non absent, parce que ce n’est en dernière analyse que comme dieu des eaux qu’on a pu lui rapporter les productions de l’année. La formule entière se traduira :

« Nous adorons Haurvatât (l’Abondance), Amshaspand ; nous adorons le bien-être qu’apporte le cours de l’année ; nous adorons les années, maîtres purs de pureté. »

§ 20. Passons à l’invocation correspondante, adressée à Ameretât :

Ameretâtem ameshem çpeñtem yazamaidê — fshaoni vāthwa yaz. — açpinàca yavînô yaz. — gaokerenem çûrem mazdadhâtemyaz. (2’’ sîrozah, 7).

Nous adorons Ameretât, Amshaspand ; — nous adorons les gras troupeaux, l’abondance des moissons ; nous adorons le Gaokerena, puissant, créé par Mazda.

Quelques mots sont nécessaires pour justifier cette traduction. Je traduis fshaoni comme un qualificatif de vāthwa ; M. Spiegel semble en faire un substantif dont vāthwa serait l’attribut : il traduit : « l’abondance qui concerne les troupeaux » (die Fülle welche das Vieh betrifft). Mais vâthwa est certai-

1. Opposé à un mot exprimant l’idéo de danger, il donne le sens de sécurité : bhaye cit suxitim dadhe (1. 40. 8) : en plein péril il est tranquille.