Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rattachés à Ameretât les gras troupeaux — les riches pâturages — le Gaokerena. Il ne faut pas conclure du premier trait qu’Ameretât fait concurrence à Vohu-Manô, le dieu des troupeaux^^1 ;

1. C’est ici qu’il convient d’apprécier une tentative faite pour attribuer ce rôle, sinon à Ameretât en particulier, du moins au couple. Voici dans quelles circonstances. Les chapitres 5 et 37 du Yaçna, § 9, portent l’invocation suivante : ashem at vahistem yazamaidê — vohuca manô yaz. — vohuca khshathrem — vanuhimca daènâm vanuhîmca fçératûm vawuhimca ârmaitîm. M. Spiegel (Commentaire II, 306) partant de ce point que ashem vahistem, vohu manô, vohu khshathrem, va ?iuhî àrmaitis sont quatre des amshaspands, conclut que fcératu désigne les deux derniers, mais il ne sait trop que faire de vanuhi daêna. Les Parses avaient suivi la même induction et Nériosengh traduit : Uttamâm dinim açavahistim — uttamam adhipatitvam avirdâdam amirdâdam ; autrement dit, vanuMm daênâm représente asha-vahista, et fçératu représente Haurvatâi-Ameretâi. Mais asha-vahista a déjà été invoqué, en tête des Amshaspands comme d’ordinaire, et le retrouver dans vanuhim daênâm c’est faire double emploi. D’ailleurs vanuhî daêna est une divinité distincte, ayant ses attributs, sonyast, son jour dans le mois et dont on ne peut faire sans violence un Amshaspand. Donc la prémisse de l’induction est fausse, il y a dans l’invocation citée autre chose que des Amshaspands : c’est ce qu’avoue tacitement la traduction pehlvie qui ne cherche pas à identifier sipir dîn {vanuhîm daênâm)^ bien que dans fçératu, elle voie comme Nériosengh qordat et amurdat. Si daêna n’est pas un amshaspand, le doute peut s’introduire ^ouv fçératu. Le doute ne fait que croître si l’on considère les termes sanscrit et pehlvi qui le traduisent : adhipatitva et çardâris, c’est-à-dire domination. Singulier nom pour les dieux des eaux et des plantes. Ici intervient M. Justi (Manuel s. v.) : fçératu est contracté de paçu-ratu et désigne la domination sur les troupeaux. Soit, bien qu’il soit un peu étonnant que Nériosengh rende « troupeau » par une préposition (adhi) et que le pehlvi ne le rende pas du tout. Consultons donc les autres exemples où paraît /fc’ra^M, pour voir si nous y trouvons trace de troupeaux. Chapitre XIV, l 17, autre invocation à. vanuhyâo fçératvô ; le pehlvi traduit comme tout à l’heure sipîr çardâris i qordat u amurdat., la bonne domination de Qordat et Amurdat ; mais Nériosengh ne connaît plus ici avirdâda ni amurdâda., il ne connaît que uttamam svâmitvam l’excellente domination ; il ajoute en glose : c’est-à-dire, action d’exercer en quelque chose excellente domination. (Kila svâmitvam vastuni uttamam karomi) », et dans un passage absolument identique (39. 15) la traduction pehlvie confirmant Nériosengh, mais trahissant en plein Haurvatà^-Ameretâ^, dit : pann zake sipîr çardâris, amat çardâris pann fràrùnis nehagannam : avec bonne domination., à savoir quand j’exerce la domination avec justice. Nous voilà loin de notre couple et voici fçératu qui s’en éloigne étrangement pour se mettre aux côtés de Vohu-Khshathra, la bonne royauté. Ailleurs (33. 12) le fidèle demande à Ahura de lui donner

ashâ hazô émaval vohû mananhâ fçératûm