Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

allusion à un culte des Açvins ; le seul être qui les rappelle est un daêva, nàowhaithya (sanscrit 7iâsalyn) ; d’autre part, part(tut où l’expression rtf ;pma y^^mno se rencontre, le contexte indique, comme ici, qu’il s’agit de productions naturelles. La tradition donne une traduction qui satisfait à la fois et le sens et l’êtymologie. Neriosengh traduit ujjacitùnd/umj/âncwi, « entassement de grains » ; la traduction pelilvie afzimîk-ic-î gûrtâijân, « l’accroissement des grains. Autrement dit, açpin signifie l’accroissement et yfl’y«"no signifie du grain ; or ces deux données se vérifient sans peine : yavîno, ou mieux yavano (variante fournie par un groupe de manuscrits)^^1, est le génitif d’un thème yavan, collectif de yava nom générique des grains, et ce mot yavan se retrouve en persan dans yavcm, devenu le nom particulier du riz, comme gav dérivé de yava est devenu le nom particulier de l’orge. Le mot açpinà, duel parallèle à vàthioa, vient d’un thème açpin formé de la préposition a abrégée^^2 et de la racine fpm = çpen^^3, forme secondaire de la racine çu^^4 gonfler, s’accroître. Donc açpinà yavané signifie bien, comme le veulent les Parses, l’accroissement des grains^^5.

Si nous reprenons à présent toute la formule, nous voyons

1. Spiegel l. c. Cette variante a pour elle : 1° la forme yaonihya ; la réduction de ava en ao est un fait normal ; je ne vois pas d’exemple de avî donnant ao ; 2° le persan gavân : voir la suite du texte.

2. Pour les exemples de â abrégé, voir Justi, Manuel, p. 358 § 12.

3. En devient in dans -cina = -cana, dans minu comparé au sanscrit mani, dans les pluriels en iñti = eñti, etc.

4. V. Justi s. çpan. Le mot çpanvaiiti (Yt. 21. 4) est rendu dans la traduction pchlvie par afzûyat, c’est-à-dire par le verbe dont le nom lui a servi à rendre açpen. Preuve nouvelle que açpin est bien d + çpeu.

5. M. Spiegel après avoir si bien montré que açpinà yavanô n’a rien à voir avec les jeunes cavaliers, abandonne soudain pour açpinà la tradition qu’il suit pour yavanô ; il y retrouve des cbevaux à défaut de cavaliers et traduit « les pâturages pour chevaux ». Il est difficile de combattre cette traduction, ne voyant pas sur quoi elle s’appuie. — Windischmann (Zoroastriche Studien, p. 257, note 2) voit des cavaliers dans açpinà ; mais ces cavaliers ne sont plus comme autrefois les Açvins, ce sont Ilaurvatàf et Ameretà^ Même observation que précédemment. — Le passage correspondant du premier Sirozah donne açpinibya yaonihya, ce qui semblerait défendre de voir dans yavanô un génitif. Au fond, il n’y a là qu’un phénomène d’attraction rhythmiquo, amené par les terminaisons identiques des trois mots précédents :/sArtonihija ^ vàthicubija, açpinibya. Cela est rendu manifeste par la variante curieuse d’un manuscrit qui substitue vãthwanibya ( !) à vãthwàbya (Westergaard 149, 3, note 2).