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Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/58

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qu’en mon pouvoir soient Haurvatâ^ et Ameretâ^, récompense de la pureté, obtenue en suivant la Parole sainte^^1.
Je te demande une chose : réponds-moi vrai, ô Ahura ! Quand par la pureté gagnerai-je cette récompense : dix cavales avec leurs mâles et un chameau ; que je voie en mon pouvoir Haurvatâ, et Ameretât, pour que de leurs biens je puisse te faire offrande^^2 ? »

§ 32. Si nous résumons à présent les formules précédentes, nous voyons que nos deux génies s’y trouvent à tous les degrés de développement. Ils y sont réunis soit en couple naturel, soit en couple artificiel ; en couple naturel primitif, comme dieux de la Santé et de l’Immortalité (§ 29, 1, 2, 3 ; § 30, 1) ; en couple naturel secondaire, d’abord comme dieux des eaux et des plantes (§ 30, 2), puis comme dieux de l’abondance (§ 31, 1, 2, 3) ; en couple artificiel, l’un étant encore dieu d’immortalité, l’autre déjà dieu d’abondance (§ 30, 3).

Ainsi, dans la partie de l’Avesta réputée, à tort ou à raison, pour la plus ancienne, la transformation matérielle des deux génies est déjà faite. Mais, malgré cela, des traces manifestes et nombreuses de l’ancienne valeur subsistent ; dans telle formule, sous le sens nouveau que les néo-mazdéens y voient, perce encore le sens antique. En voici un nouvel exemple. Une invocation à Âtar (le feu, l’Agni iranien) porte :

mazé avaqyâi mazé rafenôqyâi dâidî haurvâtâo ameretâtâo^^3. (57. 20)

1. Le mot-à-mot de zarem carunî me semble être apprehensionem accedam. (zar = sscr. har saisir), quand arriverai-je à saisir. — âçMtîm Jihshmâkâm : kartûrisi lakum votre action, la glose ajoute : quand seront parfaites votre action et votre loi. — VâMshaêshô = vocis votum. — râthemô = mizd^ dânam (Nériosengh) ; la racine est râ donner (Dict. de Saint-Pétersbourg, s. y.) ; râthemô est équivalent pour le sens et la racine au védique ratna ; cf. dadhâti ratnam vidhate^ il donne des biens à qui l’honore (RV. 4, 2, 3).

2. Môi apavaitî est rendu en pehlvi par dar Mavitûnam, que je voie ; de même Nériosengh : me pat evam vedmi. — On peut conclure, si l’on veut, du troisième vers que dix couples de chevaux et un chameau formaient l’unité de fortune.

3. Reste pour épuiser la série gâthique la strophe 46. I. Mais rien dans le contexte ne détermine la valeur des deux mots :

çpeñta mainyû vahistûcâ mananhû
hacâ ashât skyaotlianûcâ vacanhâcâ