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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/155

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VI. — LE COBLENTZ MUSULMAN

Chevaux, couleuvrines, faucons et tentes ont été abandonnés au Séid : Khataks, Khalils et Mohmands sont revenus à pied et vaincus.

Le palais de Yar Mohammed et celui de Khalaq Dad sont devenus le bien de l’héritier. Garde-toi, ô Noureddin[1], de faire tort aux Séids.

Les Sardars ne vengèrent pas leur frère ; ils s’inclinèrent devant le Séid, payèrent tribut, reçurent un de ses lieutenants à Péchawer. Séid Ahmed ne pouvait périr que par Séid Ahmed. Maître des Yousoufzais par le seul ascendant de la force morale, il ne sut pas voir les limites de cet ascendant. Il crut qu’étant Prophète il pouvait être réformateur et osa s’attaquer à une des coutumes les plus immorales des Afghans, la vente des femmes.

Les Afghans sont musulmans fervents ; mais, sans qu’ils s’en doutent, ils sont Afghans avant d’être musulmans. Or, chez eux, le père vend sa fille en mariage ; une femme vaut en moyenne cinq cents roupies ; c’est le bénéfice le plus net de la famiile, c’est l’excuse que la fille a de naître. Je ne sais point de chanson plus sinistre que la chanson des fiançailles afghanes : la veille des noces, les compagnes de la fiancée viennent la

  1. Nom du poète.