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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/187

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VII. — LES AFGHANS DE LA REINE

mettes à mort le kotval de Nauchéhra. » Le général refusa et le marché fut rompu ; mais il lui envoya en cadeau, comme marque de son estime, un fusil, un pistolet, un sabre, deux cents roupies et une vache laitière. Naïm Chah, touché de ce procédé, promit de ne plus voler : il se contenta de tuer et de laisser voler ses gens.

Je ne sais si c’est avant ou après cette entrevue qu’il fit son fameux coup de Chahkot : il s’était introduit dans le cantonnement, avait assassiné la sentinelle et coupé les cordes d’une tente, qui avait enseveli, en tombant, le piquet endormi. Il avait alors égorgé à l’aise les hommes paralysés et s’érait retiré tranquillement en emportant une vingtaine de fusils nouveau système. Un bon fusil coûte là-bas six cents francs : c’est toute une fortune pour un pauvre homme, et de plus un outil admirable pour un travailleur sérieux.

L’Afghan qui me contait cette histoire était un Afghan nouvelle couche, un homme civilisé, instruit, parlant et écrivant admirablement l’anglais, sujet loyal et prêt, dit-on, à tous les services. Cependant, malgré lui, il jubilait en contant les prouesses de Naïm Chah ; l’admiration et la sympathie lui sortaient par tous les pores. « On ne tue pas toujours pour piller, me disait-il ; on