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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/260

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LETTRES SUR L’INDE

quelqu’un te fera périr, car tu as fait le voleur sur mes joues. À présent, il est en grande colère contre toi, le tchaukidar[1] des tresses noires.

— Il est en grande colère contre moi, ô ma petite ? Dieu me gardera, n’est-il pas vrai ?

Allonge comme un bâton, pour me défendre, tes longues tresses noires, veux-tu ?

Livre-moi ton blanc visage ! Rassasie-moi, comme le touti[2], veux-tu ? Et pour une fois lâche-moi dans la grange des tresses noires.

— Je te donnerai accès, mon ami, dans le jardin de la blanche poitrine. Mais, après cela, tu te détourneras de moi, et t’en iras dédaigneusement. Pourtant, lorsque je montre mon blanc visage, la lumière de la lampe s’éclipse.

— Le Seigneur t’a donné la beauté sans pareille. Jette un regard sur moi, ma charmante. Le serpent m’a mordu au cœur, le serpent de tes tresses noires.

— Je charmerai le serpent de mon souffle ; ô mon petit, je suis une charmeuse. Mais moi, pauvre malheureuse, je suis déchirée en ton honneur. Viens, quittons Pakli ; j’ai en horreur le vilain[3]. Je te donne le plein pouvoir sur les tresses noires.

— Mohammedji a plein pouvoir sur les poètes de Pakli. Il lève l’impôt : il est parmi les Émirs de Delhi. Il gouverne son royaume : il le dirige avec les tresses noires.

  1. Le mari. — Tchaukidar, gardien, agent de police ; voir plus haut, page 34.
  2. Le perroquet indien, amoureux de la maina. Il reçoit aux Indes les mêmes honneurs que chez nous le rossignol.
  3. Le mari.