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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/353

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XIV. — DE LAHORE À PARIS

Bakavali : car le pont du chemin de fer n’en est encore qu’aux piles. Pour rejoindre l’autre train qui attend à l’autre rive, il faut rouler en troll jusqu’au fleuve, le traverser en ferry, puis marcher une demi-heure dans le lit desséché. Le sable étincelle en paillettes d’argent : les indigènes en recueillent des poignées dans le pan de leur vêtement, car c’est le sable de la rivière sacrée entre toutes. À l’horizon se dressent les monts de Civa, d’où sort le Gange.

Arrivé le 18 à Rampor, capitale du petit état indépendant des Rohillas, fameux au siècle dernier. Vers l’an 1700, des aventuriers afghans, les Rohillas, venus du pays des Yousoufzais et des Bengach, se ruant sur la décomposition mogole, étaient venus se tailler dans les riches contrées du Nord-Ouest des principautés et des royaumes, à la façon des Normands de Rollon. Le pays prit donc le nom de Rohilkhand. En 1774, Hastings, ayant besoin d’argent, vendit huit mille hommes de troupes anglaises au Nawab d’Oude qui était en guerre contre le prince Rohilla, Hafiz Rahmat : Hafiz périt dans la bataille, les Rohillas furent exterminés, le pays mis à feu et à sang et Hastings reçut dix millions. Hafiz était un héros et un poète, de la trempe de Khouchal Khan. Il avait formé une splendide bibliothèque afghane que le Nawab