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le p’tit gars du colon

tique, aimant les Canadiens, et baragouinant, pour leur faire plaisir, tout le français possible et impossible. Ah ! l’excellent homme !

Et les affaires de notre ami s’arrangèrent pour le mieux. L’Anglais, ayant écouté sa triste histoire, en eut pitié et fut très bon… « Puisqu’il était logé là-bas, qu’il reste donc à bûcher seul, avec ses quatre fils, son chantier propre, n’est-ce pas ?… tenez, les deux bords de la Petite Péribonca, tant qu’il voudra, n’est-ce pas ?… Il ne serait pas en contact beaucoup avec les autres bûcherons. Pour ses enfants surtout ce serait bien, n’est-ce pas ?… Il ferait « son maître » chez lui, sur son chantier… c’est moins dur, n’est-ce pas ? que d’avoir un « fore’man » à vos trousses. Pour un ancien habitant, n’est-ce pas ?… »

Il lui débitait ses petites phrases de bon accueil ; chacune se terminait par l’invariable « n’est-ce pas ? » dans un sourire qui montrait une double rangée de dents blanches superbes et vigoureuses.

« Il pourra se procurer au magasin le nécessaire à son ménage, n’est-ce pas ?… On lui retiendra le prix sur l’argent de son bois, au printemps, n’est-ce pas ?… « All right ! » fit en parfait anglais François Gaudreau, joyeux de l’arrangement, et reconnaissant pour la cordialité du chef.

Le nouvel homme de chantier chargea son traîneau de provisions de bouche, de bottes de paille et