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l’installation dans le bois

de couvertures pour les couchettes qu’il faudrait fabriquer, de quelques planches pour la table… et pour… et pour…

Tout un plan de logis habitable dansait devant lui sur la neige durcie du bon chemin. La Grise filait grand train, sentant le sac d’avoine, (quelle aubaine !) tassé à l’avant de la voiture. François Gaudreau s’en revenait de belle humeur.

S’aperçut-il alors, seulement, que des bouleaux magnifiques, épargnés par la hache, se dressaient sur le bord de la Péribonca, et devaient, à la saison des feuilles, en se mirant dans l’eau transparente, créer des merveilles ?

Et que le soleil triait superbement ses rayons entre le bleu, très haut, d’un ciel immense, et la blancheur nacrée du lac de glace et de neige ? Et que le vent, sautant, la nuit dernière, vers l’aube, d’un point à l’autre de l’horizon, venait du sud-ouest avec sur son aile une douceur qui faisait rêver du printemps ?

Il sentit surtout que depuis une heure, du bonheur habitait son âme ; il voulut très vite en donner leur part à ses enfants.

Mieux orienté qu’au départ, il coupa droit sur le confluent des deux rivières où se terrait, dans les neiges, sa butte misérable.

∗∗∗

Eh ! oui, la surprise fut grande pour le pauvre homme de revoir la bicoque transformée.