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livre, ceux qui interrogent le Python, שאל אוב. 6o. Les Devins, ou les Magiciens, que Moïse appelle, ידעני, Judeoni. 7o. Ceux qui consultent les morts, la Nécromancie. 8o. Le Prophète Osée IV. 12. parle de ceux qui consultent des baguettes, שאל סקבו, on peut appeler cette sorte de divination Rabdomantie. Quelques-uns l’appellent aussi Belomantie ; mais Rabdomantie revient mieux au mot dont se sert le Prophète, מקל, & qui signifie une verge, une baguette, un bâton & non pas une flèche, βέλος. 9o. La dernière espèce de divination dont parle l’Ecriture, est l’Hépatoscopie, ou considération du foie.

DIVINATOIRE. adj. Dont on ne se sert qu’en le faisant précéder de verge, ou de baguette. La baguette divinatoire, dont on se sert pour découvrir les sources, les mines & les trésors. Voyez BAGUETTE.

DIVINEMENT, adv. Par le secours ou la puissance de Dieu. Divine, divinitùs. Les Payens croyaient que ceux qui rendoient les oracles, étoient inspirés divinement. La même Providence qui les faisoit écrire divinement, & par l’impulsion de l’esprit de Dieu, a voulu qu’ils écrivissent en hommes, & comme on écrit parmi les hommes. Pélisson. Il parle des auteurs sacrés.

Divinement, signifie, figurément & familièrement, excellemment, parfaitement, extraordinairement. Divinè, mirificè. Cet Oracle parle, écrit divinement bien.

DIVINISER. v. a. Reconnoître pour divin, mettre au rang des Dieux. M. Gresset dit, en parlant de sa Muse, dans l’Envoi de l’Epître qu’il lui a dédiée :

Elle n’a point les graces fières
Dont brillent ces Nymphes altières,
Qui divinisent les Guerriers :
La négligence suit ses traces ;
Ses tendres erreurs sont ses grâces,
Et les roses sont ses lauriers.

DIVINITÉ. s. f. Dieu, nature ou essence divine. Divinitas. En Jésus-Christ la Divinité & l’humanité sont jointes ensemble. Les impies s’attaquent à la Divinité. Malgré l’antipathie naturelle à l’esprit humain, pour reconnoître quelque chose au-dessus de lui, aucun n’a pu effacer de son ame l’opinion d’une Divinité. S. Réal. L’idolâtrie elle-même n’est que le sentiment de la Divinité diversifiée. Le Vassor. Il est difficile d’effacer l’impression que la vue de ce grand monde forme de la Divinité. Nicol. C’est faussement que les impies disent que l’opinion de la Divinité est une invention politique des Législateurs, pour assurer, pour affermir l’observation de leurs lois ; car, au contraire, il est évident que les Législateurs se sont servis de cette opinion, qu’ils ont trouvée fortement imprimée dans l’esprit des peuples, sans qu’on puisse savoir quand ils ont commencé à avoir cette idée.

Le Paganisme avoit aussi ses Divinités, ses faux Dieux. Sombres Divinités, noires Divinités, ce sont les Puissances de l’Enfer. Les Divinités célestes, marines. Corneille s’est soulevé contre certains scrupuleux, qui veulent anéantir toutes les Divinités poëtiques. S. Evr. On reprochoit aux Egyptiens, que leurs Divinités croissoient en abondance jusque dans leurs jardins. Id. Un véritable brave ne voudroit pas devoir la victoire à la compassion de quelque Divinité : il ne veut la devoir qu’à son bras. Le P. le Boss.

Dans le Poëme Epique
Chaque vertu devient une Divinité ;
Minerve est la Prudence, & Venus la Beauté. Boil.

On peut distinguer trois sortes de Divinités dans le Paganisme : les unes Théologiques, qui représentent la nature Divine sous divers attributs. Par exemple, Jupiter est la puissance absolue de Dieu ; Junon est sa justice. Les Divinités de la seconde espèce sont purement Physiques. Eole est la puissance de la nature, qui ramasse les vapeurs & les exhalaisons pour former les vents. Les dernières sont des Divinités Morales. Les Furies, par exemple, ne sont autre chose que les reproches de la conscience. P. le Boss. Le nombre infini de Divinités Payennes n’étoient que des Divinités allégoriques. Id. La Fortune étoit une Divinité bisarre, qui gouvernoit tout selon son caprice. Bouh.

Divinité, se dit, figurément & abusivement, quand on parle d’une belle femme. C’est une Divinité sur terre. Terrestre numen. Elle a le port d’une Divinité. Les Amans traitent leurs Maîtresses de Divinité. Une jeune Divinité, comme vous, doit causer bien des révolutions dans le monde qui aime, & qui est aimé.

Une Divinité de mille attraits pourvue
Tient mon cœur dans les fers. Voit.

DIVIS. adv. Terme de Palais, opposé à indivis. Divisum. Ces héritiers ont partagé cette maison, & la possèdent par divis ; chacun a sa part marquée.

DIVISE. s. f. Terme de blason. Voyez DIVISÉ.

DIVISER. v. a. Faire d’un tout plusieurs parties. Dividere, partiri, in partes tribuere. On n’a pu encore trouver le moyen de diviser géométriquement un angle en trois parties égales. Ce père a divisé son bien en trois portions, pour faire un partage entre ses enfans.

Diviser, signifie aussi, Séparer. Dieu divisa les eaux des eaux, c’est-à-dire, sépara celles qui sont au-dessus du Firmament, de celles qui sont au-dessous. La rivière se divise en plusieurs bras pour faire des îles, & différentes embouchures. Pour se guérir de l’amour, il faut le diviser, & laisser errer ses vœux de tous côtés. S. Evr.

Diviser, signifie aussi, Désunir. Disjungere, dividere, distrahere. Tout Royaume qui sera divisé en soi, sera désolé, dit Jésus-Christ. La grande adresse d’un politique, est de diviser, de désunir ses ennemis. Je vous prie de remettre bien ensemble César & Pompée, que la malice des hommes a divisés. Ablanc.

Diviser et partager ne peuvent être regardés comme synonymes, qu’autant qu’ils signifient l’un & l’autre que, d’un tout, on fait plusieurs parties. Mais le mot diviser ne marque précisément que la désunion du tout, pour former de simples parties. Celui de partager, outre cette désunion du tout, a de plus un certain rapport à l’union propre de chaque partie, pour en former de nouveaux tous particuliers. Différence délicate établie par M. l’Abbé Girard. La différence des intérêts divise les Princes ; celle des opinions partage les peuples. On divise le tout en ses parties ; on le partage en ses portions. Voilà pourquoi l’on dit diviser un cercle, partager un héritage.

Diviser, en termes d’Arithmétique, est, Découvrir combien de fois une petite somme est contenue en une plus grande, & ce qui en reste. Si l’on divise 1550 par 12, le quotient sera 119, & il restera 2. Diviser est encore un terme qui exprime un des quatre principaux changemens qu’on peut faire sur chaque proportion. Diviser en ce sens, c’est comparer chacune différence de l’antécédent, & du conséquent à ce même conséquent ; ce qui doit encore donner proportion, après ce changement ; car chacun antécédent contient son conséquent, une fois moins qu’auparavant. 12, 6.∷ 6. 3. Bouguer.

Divisé, ée. part. Divisus.

Divisé, en termes de Blason, se dit de la fasce, de la bande, &c. qui n’ont que la moitié de leur largeur, que l’on appelle fasce ou bande en devise. Fascia dimidiâ sui parte angustior.

DIVISEUR. s. m. Terme d’Arithmétique. C’est le plus petit nombre par lequel se fait la division : on le met sous le plus grand, pour savoir combien de