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Page:Diodore de Sicile - Bibliothèque historique, Delahays, 1851.djvu/32

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DIODORE DE SICILE.

que la législation est appelée à réprimer plutôt qu’à instruire. Parmi les autres genres d’éloquence, les uns ne contribuent en rien à la prospérité publique, les autres sont utiles autant que dangereux ; d’autres, enfin, ne font qu’obscurcir la vérité. Transmettant à la postérité ses témoignages ineffaçables, l’histoire, seule, par l’accord des actes avec les paroles, réunit tout ce que les autres connaissances renferment de plus utile. Elle se manifeste dans tout son éclat, en encourageant la justice, en blâmant les méchants, en louant les bons, en offrant de grandes leçons à ceux qui veulent en profiter.

III. La faveur avec laquelle ont été accueillis ceux qui se sont livrés à l’étude de l’histoire nous a engagé à nous vouer à la même carrière. En examinant les travaux de nos prédécesseurs, nous leur avons rendu toute la justice qu’ils méritaient ; mais nous avons pensé qu’ils n’avaient pas encore atteint le degré d’utilité et de perfection nécessaire. Car l’utilité de l’histoire réside dans un ensemble de circonstances et de faits très-nombreux et très-variés ; et pourtant la plupart de ceux qui ont écrit l’histoire ne se sont attachés qu’au récit des guerres particulières d’une nation ou d’une seule cité. Un petit nombre d’entre eux ont essayé de tracer des histoires universelles depuis les temps anciens jusqu’à l’époque où ils écrivaient. Et parmi ceux-ci les uns ont entièrement négligé la chronologie, les autres ont passé sous silence les faits et gestes des Barbares ; d’autres ont évité, comme un écueil, les temps fabuleux ; d’autres enfin n’ont pas pu achever leur œuvre, enlevés au milieu de leur carrière par l’inexorable destin. Aucun d’entre eux n’est encore allé plus loin que l’époque des rois macédoniens ; ceux-là ayant fini leur histoire à Philippe, ceux-ci à Alexandre, et quelques autres aux successeurs de ces rois. Depuis cette époque jusqu’à nos jours il s’est passé bien des événements qu’aucun historiographe n’a encore tenté de rédiger et de mettre en ordre ; tous ont reculé devant l’immensité de cette tâche. Aussi le lecteur doit-il renoncer à comprendre et à graver dans sa mémoire les détails historiques et chronologiques consignés dans des ouvrages nombreux et divers.