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Page:Diodore de Sicile - Bibliothèque historique, Delahays, 1851.djvu/38

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DIODORE DE SICILE.

nous n’ajouterons point foi aux récits de ceux qui prétendent en savoir l’histoire. En effet, il est impossible que l’écriture soit une invention contemporaine des premiers rois. Et, supposé même que l’origine de l’écriture soit aussi ancienne, ce n’est que beaucoup plus tard qu’il devait y avoir des historiens. Non seulement les Grecs, mais encore la plupart des Barbares, discutent beaucoup sur l’antiquité de l’histoire, en se disant autochtones, et les premiers inventeurs des arts utiles, et en faisant remonter leurs monuments historiques aux temps les plus reculés. Quant à nous, nous ne voulons point décider quels sont les peuples les plus anciens, et encore moins de combien d’années les uns sont plus anciens que les autres. Mais nous exposerons dans un ordre convenable ce que chacun d’eux raconte de leur antiquité et de leur origine. Nous commencerons par les Barbares, non que nous les estimions plus anciens que les Grecs, comme Éphore l’a avancé, mais afin d’achever cette partie de notre tâche avant d’aborder l’histoire des Grecs, que nous ne serons pas ensuite obligé d’interrompre. Comme la tradition place en Égypte la naissance des dieux, les premières observations astronomiques et les récits sur les grands hommes les plus dignes de mémoire, nous commencerons notre ouvrage par les Égyptiens.

X. Les Égyptiens disent que leur pays est le berceau du genre humain, à cause de la fertilité du sol et de la nature du Nil. Ce fleuve fournit des aliments appropriés aux nombreuses espèces d’animaux qu’il renferme ; on y trouve, en effet, la racine du roseau, le lotus, la fève d’Égypte, le corseon[1] et plusieurs autres produits qui peuvent également servir de nour-

  1. Ce que les botanistes anciens désignent par ῥίζα (rhiza) n’est pas toujours la racine ; c’est souvent la tige ou le rhizôme (tige souterraine) de quelques végétaux monocotylédones de la famille des Graminées, des Liliacées, des Aroïdées, etc. Il n’est pas absolument nécessaire d’admettre que le roseau dont il est ici question soit la canne à sucre (Sacchurum officinale) ; car une quantité considérable de plantes, et particulièrement les tiges du maïs et d’autres graminées, sont riches en sucre. Il est même à remarquer que les tiges de ces plantes étaient bien plus propres à servir de nourriture que le sucre pur. En effet, ces tiges contiennent, indépendamment du sucre, des matières azotées, telles que l’albumine, etc., bien plus