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LIVRE I.

riture à l’espèce humaine. Ils essaient de démontrer la fertilité de leur sol en racontant que l’on voit encore aujourd’hui dans

    propres à réparer les pertes de l’économie que le sucre, auquel manque l’azote, élément essentiel à l’alimentation de l’homme et des animaux.

    Le nom de lotus a été donné par les auteurs anciens à des espèces de plantes très-différentes. En Égypte, il a été appliqué a trois plaintes aquatiques de la famille des Nymphéacées : 1° le lotus à fleurs blanches, nymphœa, ou lis du Nil à graines de pavot, décrit par Hérodote ; 2° le lotus à fleurs bleues, nymphœa cœrula, dont la fleur est peinte dans les temples d’Égypte ; 3° le lotus à fleurs roses ou antinoïen (fève d’Égypte, lis rose du Nil d’Hérodote). nymphœa nelumbo. Le lotus de Libye, dont parle Homère, appartient à une famille toute différente de celle des lotus d’Égypte ; le lotus de Libye, qui a donné son nom aux lotophages, est un arbrisseau d’une espèce de nerprun, rhamnus lotus, Linn. (Voy. Histoire du lotus de Libye, par Desfontaines, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, ann. 1788, p. 443.) Le nom de lotus a été encore applique à deux arbres de la Grèce et de l’Italie, le celtis australis, Linn., et le diospyros lotus, Linn. Enfin, une espèce de trèfle a reçu le nom de lotus corniculatus. Linn. Les deux premières espèces de lotus (nymphœu alba et nymphœa cœrula), tout à fait semblables au nénuphar blanc et jaune qu’on voit fleurir dans quelques endroits de la Seine et de la Marne, portent des fruits de la forme des capsules du pavot. Ces fruits renferment de petites graines semblables aux graines de pavot ou de millet. C’est avec la farine de ces graines que les Égyptiens faisaient du pain. La description qu’Hérodote, Théophraste et Athénée donnent du lotus s’adapte parfaitement aux espèces de nymphœa que nous avons citées (Hérodote, I, 92 ; Théophraste, Hist. des Plantes, IV, 10 ; Athénée, Deipnosoph., XV, p. 677). Les Égyptiens leur ont donné le nom de naufar (d’où l’on a tiré nénuphar) ou de a’ rays el Nyl, c’est-à-dire les épouses du Nil, désignation tout à fait convenable à ces plantes, qui fleurissent pendant la crue du Nil, gages certains de la fécondité de ses eaux. Non-seulement les graines, mais encore la racine de ces plantes, servaient de nourriture aux Égyptiens. Cette racine est appelée ϰόρσεον (korseon) par Théophraste, qui la compare, pour la grosseur, au fruit du cognassier. J’incline à croire que c’est dans le même sens qu’il faut prendre ici le mot ϰόρσεον (korseon) de Diodore, que quelques commentateurs ont voulu entendre d’une espèce végétale particulière. Le lotus ou nymphœa, à fleurs blanches et le lotus ou nymphœa à fleurs bleues croissent encore aujourd’hui abondamment dans la basse Égypte. Le lotus bleu a été souvent représenté sur les hiéroglyphes.

    Voy. chap. 34. La fève d’Égypte, Αἰγύπτιος ϰύαμος (Aiguptios kuamos), autrefois si commune, n’existe plus en Égypte, et n’a été retrouvée dans aucune partie de l’Afrique ; elle appartient à l’Asie (Inde et Chine), où elle est indigène. L’Écluse, en 1602, fut le premier botaniste qui reconnut que le fruit du nymphœa nelumbo était Αἰγύπτιος ϰύαμος (Aiguptios kuamos) ou faba œgyptiaca des anciens. Le fruit du nymphœa nelumbo est évasé en ciboire, large environ comme la paume de la main à sa face supérieure, qui est percée de vingt à trente fossettes, dont chacune contient une graine ovoïde un peu saillante, de la grosseur d’une noisette ; l’écorce des graines est dure, noire, lisse, et renferme une amande douce, blanchâtre et charnue comme la substance des glands, partagée en deux lobes, entre lesquels est une feuille verte, roulée, amère, recourbée ; cette amande est bonne à manger. Les