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Page:Diodore de Sicile - Bibliothèque historique, Delahays, 1851.djvu/66

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DIODORE DE SICILE.

semblables aux figues. Et comme ces arbres rapportent pendant presque toute l’année, les indigents ont toujours de quoi satisfaire leur faim. Enfin on y voit des espèces de ronces dont le fruit, appelé myxarion[1], se recueille après la retraite des eaux, et qui, à cause de sa douceur, est mangé aux secondes tables (dessert). Les Égyptiens fabriquent avec de l’orge une boisson nommée zytos[2], qui, par son odeur, se rapproche du vin. Ils entretiennent la lumière de leurs lampes en versant dans celles-ci, au lieu de l’huile (d’olive), le liquide exprimé d’une plante nommée kiki[3]. Il y a encore beaucoup d’autres plantes nécessaires à la vie, qui croissent abondamment en Égypte, et qu’il serait trop long de décrire.

XXXV. Le Nil nourrit beaucoup d’animaux et d’espèces variées ; on en distingue surtout deux, le crocodile et l’hippopotame. Le crocodile, très-petit d’abord, devient très-grand ; car il pond des œufs semblables aux œufs d’oie, et l’animal qui en sort atteint jusqu’à seize coudées de longueur[4]. Il vit très-long-

    l’autre une espèce de figuier. Il ne parle pas d’une troisième espèce de sycomore appartenant au genre acer (érable).

  1. Les commentateurs ont été peu d’accord sur l’interprétation de βάτα ϰαλούμενα μυξάρια. Les uns y ont vu des poissons, les autres des fruits d’une plante particulière. Je suis disposé à partager cette dernière opinion. Peut-être les μυξάρια sont-ils les fruits du trapa natans, connus sous le nom de macres ou châtaignes d’eau.
  2. Hérodote, Strabon et Athénée parlent à peu près dans les mêmes termes de cette boisson, qui, évidemment, n’est autre chose que la bière, ou plutôt une espèce de tisane d’orge ; car il ne paraît pas qu’elle ait été préalablement soumise à la fermentation. Les Ibériens, les Gaulois et les Germains connaissaient, de temps immémorial, la fabrication de la bière. L’emploi du houblon dans la fabrication de la bière est d’une date récente ; aussi les bières des anciens devaient-elles facilement tourner à l’aigre.
  3. Le kiki des anciens est évidemment, ainsi que je l’ai déjà fait voir ailleurs (Histoire de la Chimie, t. I, p. 193), une espèce de ricin (ricinus-palma-christi ?). Ce végétal parvient, en Égypte et dans les climats chauds, à des dimensions considérables ; transplanté dans nos contrées, il se dépouille, en quelque sorte, de sa nature, et devient une plante annuelle. On se procurait l’huile par deux procédés différents : 1o par la pression ; 2o par la décantation, en faisant digérer la graine écrasée dans de l’eau bouillante. L’huile de ricin était employée, non-seulement comme un moyen d’éclairage, mais encore comme purgatif, ainsi qu’elle l’est encore aujourd’hui. (Cf. Dioscoride, IV, 164 ; Hérodote, II ; Pline, XV, 7, et XXIII, 4.)
  4. Environ huit mètres.