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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/38

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CHAPITRE IX

Par un jour froid et neigeux du mois de janvier, Maria se rendait chez une de ses amies qui demeurait sur la rue Sainte Marguerite, au faubourg Saint Antoine.

Cette dernière, qui était malade, l’avait fait demander, et Maria n’avait pu se dispenser de lui faire une visite.

Elles étaient liées par une amitié étroite et se contaient, à l’ordinaire, toutes les affaires qui les occupaient, l’une et l’autre.

Maria, qui avait beaucoup de peines et de tristesses à lui confier, s’attarda sans s’en apercevoir. Et quand elle quitta la maison de son amie, l’obscurité du soir avait jeté son voile sur les rues.

Elle se mit en route courageusement, cependant, bien qu’elle ne se sentit pas trop rassurée.

Mais, après avoir marché pendant quelques instants, elle s’aperçut qu’elle était suivie.

Très alarmée, elle pressa le pas, mais ce fut inutile.

Celui qui la suivait, gagnait toujours sur elle et ne devait pas tarder à la rejoindre.

Malheureusement, elle se trouvait, en ce moment, dans une des parties les plus désertes de la rue Sainte Marguerite, peu bâtie, dans ce temps là.

N’ayant aucune espérance de secours, elle se mit à courir de toutes ses forces. L’inconnu quitta l’allure paisible qu’il avait conservé jusques alors, et se mit à courir lui aussi.

Il l’eut bientôt rejointe et, la saisissant par le bras, il lui dit d’une voix dans laquelle la tendresse passionnée se mêlait à la colère et à l’amertume.

— Tu as donc bien peur de moi, à présent ?

À cette voix connue, Maria qui avait failli perdre connaissance, releva la tête et regarda le personnage qui l’avait tant terrifiée.

C’était bien le pauvre Xavier LeClerc qu’elle avait là, devant les yeux.

Mais en regardant bien le jeune homme, ses terreurs, un instant dissipées, se renouvelèrent, car elle s’aperçut qu’il était ivre. Cependant, il n’avait pas perdu la raison