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Page:Duval-Thibault - Les deux testaments, 1888.djvu/40

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LES DEUX TESTAMENTS

le bonheur de vous rencontrer dans le ciel !

Malheureusement, ces paroles n’eurent pas l’effet voulu sur Xavier.

Entrant dans une violente colère, il s’écria.

— Non !

Je ne veux pas me résigner !

Je ne veux pas attendre à l’autre vie pour jouir du bonheur auquel j’ai droit sur cette terre !

Je sens que tu m’aimes encore, malgré tes paroles froides, et je te veux, le comprends-tu ?

Il faut que tu consentes à me suivre aux États-Unis. Là, nous pourrons nous marier sans difficultés et tu seras heureuse, je te le jure.

Maria, dis-moi que tu consens ?

— Non, jamais !

Vous me tuerez plutôt, dit la jeune fille avec fermeté.

— Je ne te tuerai pas, mais je vais t’amener de force, puisque tu ne veux pas me suivre, et, saisissant la jeune fille, il chercha à l’entraîner.

Maria résistait avec violence, mais ses forces commençaient à succomber.

— Bonne Sainte Vierge, sauvez-moi ! murmura-t-elle, prête à s’évanouir.

En ce moment, un bruit de voix retentit dans le lointain de la rue.

— Voilà du secours, dit Maria, reprenant son énergie. Si vous ne me laissez pas aller en paix, je vais appeler.

Profitant de l’hésitation du jeune homme, qui prêtait l’oreille au son qui approchait, Maria s’échappa de son étreinte et s’élança, légère comme un oiseau au devant des gens qui avançaient dans sa direction.

Son premier mouvement fut de se mettre sous leur protection, mais, ne courant plus aucun danger, car elle était hors de l’atteinte de Xavier, elle se rendit, en toute hâte, sur la rue Saint Antoine, où il y avait bon nombre de passants.

Elle arriva enfin chez elle, et se garda bien de raconter son aventure à sa mère, qui la gronda pour être revenue si tard. Elle aimait mieux supporter tous les reproches plutôt que de chercher à se disculper.

Cette rencontre lui avait fait une si forte impression, qu’elle n’osait plus sortir seule.

De plus elle éprouvait le besoin d’une protection efficace contre l’influence de Xavier, influence qu’elle redoutait d’autant plus, que malgré le dégoût et le mépris que lui inspirait maintenant le jeune