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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/119

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SUR LE SOL D’ALSACE

tueux la froideur montrée à son grand fils…

Heureux alors, il la supposait reconquise à ses idées, mais un mot, une nuance survenaient pour briser de nouveau leur intimité.

Il se souvenait avec netteté de la question posée à sa mère, neuf ans auparavant, mais il attendait toujours la réponse précise qu’il avait demandée. Il croyait jusqu’alors que, par la force des choses, par amour pour les siens, Mme Ilstein était enfin allemande. Il ne se doutait pas de la puissante ténacité alsacienne qui vit, s’assoupit, et renaît au grand étonnement des conquérants.

Louise adoptait les habitudes allemandes, pliait sous les lois conjugales, fêtait les anniversaires avec leurs puérils alentours, mais tout cela, uniquement, pour faire son devoir.

Pour vivre en paix, pour montrer qu’elle savait être digne de la tâche acceptée, pour prouver qu’une Alsacienne saurait ne pas faillir, elle ne reculait devant aucune douleur, se figurant ainsi payer l’erreur commise dans l’irréflexion de sa jeunesse. Elle cachait ses révoltes et calmait Marianne que l’âge rendait plus