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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/185

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SUR LE SOL D’ALSACE

l’abandon. Ses jambes vacillantes ne purent la porter. Elle s’assit vaincue sur une pierre et dans le ruissellement rose de l’orient, elle pleura.

La tête penchée sur ses genoux, elle semblait une pauvre chose imprécise et noire qui palpitait sous la brise. Peu à peu, elle se calma et reprit sa route. Son dos se courbait un peu plus, et ses pieds heurtaient les pierres qu’elle n’avait plus le courage d’éviter. Elle s’arrêta pour respirer parce que la marche la suffoquait. Elle cueillit une branche de prunellier sauvage. Les épines entraient dans sa peau, mais insensible à la douleur physique, elle ne s’en aperçut pas.

Le silence qui l’environnait fut troublé par les chants d’un charretier qui venait vers elle. Il la croisa pendant qu’elle se redressait subitement dans un sentiment de bravade. En faisant claquer son fouet, il lui dit :

— En route de si bon matin, mère Marianne ?

Elle répondit légèrement :

— Le printemps vous pousse dehors aujourd’hui !…