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SUR LE SOL D’ALSACE

ment, emportant dans ses regards tout ce qu’elle put du château émergeant du printemps. Chancelante à chaque pas, elle n’eut cependant pas de faiblesse, mais elle se garda de tourner la tête en arrière, de crainte de n’avoir pas le courage d’accomplir son douloureux exode.

Elle n’avait pas voulu dire adieu à Mme Ilstein, de peur d’un attendrissement trop cruel. Elle se doutait du vide que provoquerait son départ, mais ne valait-il pas mieux trancher d’un seul coup ce lien qui les rattachait au passé, puisqu’il devait être rompu.

Ses efforts furent surhumains pour éloigner sa pensée de l’affolement de Louise quand elle ne la verrait pas tout à l’heure.

Ses lèvres se serraient avec un tremblement ; une de ses mains se crispa contre son corsage pendant que l’autre, d’un geste machinal, retenait les plis de sa jupe.

Son large nœud d’Alsacienne flottait au souffle du vent matinal.

Elle franchit l’enceinte du château. Maintenant elle était dehors… Un frisson l’agita, jetant dans ses membres le froid de la solitude et de