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SUR LE SOL D’ALSACE

toute au babillage mièvre de la jeune enfant qui voulait la conquérir, et qui, pour gagner son cœur, lui parlait de Wilhelm.

Fritz ne les quittait pas. Il parlait peu, soutenant seulement par sa présence le sang-froid de sa mère. Il attendait avec impatience qu’Elsa donnât le signal du départ.

La jeune fille s’attardait…

Elle cueillait des fleurs sauvages avec des gestes lents comme des caresses. Puis, elle effeuilla une pâquerette minuscule aux multiples pétales ; avec une moue enfantine, elle rejeta le cœur d’or dépouillé quand l’oracle eut annoncé : un peu… Elle en reprit une autre… Ses mains blanches et potelées sortaient comme du marbre palpitant de ses manches bleues ; d’un mouvement rapide elle détachait précieusement de la corolle la parcelle infime et la lançait devant elle en levant le petit doigt.

Le soleil tombait derrière les faîtes aigus des sapins. Un rayon oblique glissait entre les rameaux verts. L’horizon, aux nuances d’opale, au couchant attendait le passage de l’astre.