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SUR LE SOL D’ALSACE

Il se rappelait les élégances françaises ; et gardait le souvenir des Parisiennes aux traits fins, aux lignes souples. Il se souvenait de leur grâce vive et de leurs sourires séducteurs, mais leur âme était fermée pour lui. Comme tous les jeunes Allemands, il est naïf et orgueilleux, un peu susceptible ; comme il n’a pu comprendre tout l’esprit des jeunes filles françaises, il en a conclu qu’elles étaient moqueuses et superficielles.

Il est à la porte d’Elsa. Celle-ci le guette depuis le matin. Posément, elle vient lui ouvrir. Elle est devant lui, dans le cadre de l’entrée. La lumière inonde le seuil, ses pieds en sont baignés ; au delà une équerre d’ombre s’allonge… ses paupières clignent légèrement à cause du jour brusque.

Wilhelm la regarde une seconde sans parler. Ses cheveux lui semblent du soleil, ses yeux, deux fleurs pures de myosotis… Il est attiré par les lèvres rouges qui s’ouvrent pour dire :

— Cher Wilhelm…

Il ne répond pas tout de suite et la contemple encore, puis doucement, murmure :

— Elsa… Elsa…