Aller au contenu

Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
SUR LE SOL D’ALSACE

où la famille Bergmann arrivait. Il avait dit au cocher qui se réchauffait d’un grog à la cuisine de le conduire à Saverne. L’homme, en maugréant quelque peu, y consentit, séduit par l’appât d’un bon pourboire.

D’un air délibéré, Fritz monta en voiture. Son sang-froid semblait si naturel que nul ne pouvait se douter de l’importance de sa décision.

Il fut en ville à dix heures. Il descendit à l’entrée de la grande rue. Le cocher repartit, et Fritz, un moment, le regarda s’éloigner. Une détresse passa sur son cœur, un vertige entoura son front, mais il les surmonta.

Son train ne partait qu’à minuit et demi. Il entra dans l’église pour attendre l’heure ; on allait célébrer la messe de Noël ; l’illumination se préparait lentement. Une odeur de feuillage, mêlée à l’encens, saisissait les narines. Dans les coins sombres, attendaient les confessionnaux discrets. Une ombre penchée s’y agenouillait à intervalles réguliers ; on entendait alors un glissement de bois, un chuchotement rapide, une forme dont on ne distinguait que la figure