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SUR LE SOL D’ALSACE

cette ville eurent, seuls, le droit, dès le viiie siècle, de couronner les empereurs d’Allemagne.

Les deux derniers mots, que pour la première fois elle lui entendait dire, se gonflaient comme des notes dont on veut faire valoir toute la sonorité.

En le regardant, elle songeait que presque toutes les histoires des villes se traduisaient dans la bouche d’Herbert par des querelles entre la France et l’Allemagne ; les sièges toujours admirables, soutenus par des héros français, mais la gloire acquise aux Allemands.

Dans la cathédrale byzantine qu’Herbert lui fit admirer, elle pria pour que la lutte entre son amour et son patriotisme alsacien n’ait pas un sort analogue à celui des villes obligées de se rendre, car elle sentait tout à coup fermenter en son âme comme une semence tumultueuse qui trouve une issue pour grandir. Pour la développer, avait-il donc fallu le soleil continu de la gloire germanique qu’Herbert s’ingéniait à faire briller ?

Elle ressentit une détente en arrivant à Bieberich. Ils s’arrêtèrent pour faire un séjour à