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SUR LE SOL D’ALSACE

amicale qui unissait ses parents, et malgré tous ses efforts pour en faire l’ami de toutes ses pensées, elle ne peut y parvenir. Que de fois le découragement l’aurait atteinte sans ses fils !

Ses fils !… De quel amour elle les entoure !… Que de caresses elle leur prodigue !…

Son Wilhelm a neuf ans. Et comme son père, il est intrépide, décidé, volontaire.

Le second, Fritz, un peu frêle, ne voit rien au-delà de sa mère et de Marianne. Il a les grands yeux bruns de Louise, dans lesquels une ombre semble passer. Sa ressemblance avec M. Denner s’accentue chaque jour et la vieille servante le fait souvent remarquer à sa jeune maîtresse.

Tous deux enchantent la vie de la châtelaine, un peu cloîtrée dans ses tours.

Ce soir, encore un soir de mai, elle est venue respirer la brise sur la terrasse du manoir. Il est huit heures. Herbert n’est pas rentré pour dîner, selon la coutume adoptée quelque temps après son mariage. Elle mange seule ou avec ses enfants, dans la vaste salle gothique.

Son mari rentre vers dix heures de la brasserie