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SUR LE SOL D’ALSACE

et se fait servir son repas. Elle a cru d’abord que des affaires ou des courses urgentes l’appelaient au dehors ; mais elle a dû se détromper devant le fait renouvelé presque quotidiennement, et elle n’eut plus qu’à se soumettre.

Au léger étonnement qu’elle a laissé paraître, Herbert, tranquillement, a signifié qu’il voulait vivre selon son goût. La vie de famille, telle qu’elle la concevait, se trouva donc brisée… Il lui fallait supporter ces mœurs qu’elle ignorait.

Elle fuit les regards de Marianne, évite surtout ses tête-à-tête, car la vieille bonne est révoltée des façons de « l’Allemand ». Les seuls moments de joie, en dehors de ses enfants, sont les rêveries sur cette terrasse, évocatrice de ses souvenirs.

De là, elle plonge dans le passé, ayant sous ses yeux Saverne dont les fortifications croulantes ne sont plus que des vestiges.

Où s’est envolée la poussière formée par les cinquante-deux tours vaillantes et les trois cent soixante-cinq créneaux dont se glorifiait la tradition antique ?

L’histoire des villes n’est-elle pas semblable à