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SUR LE SOL D’ALSACE

effluves de ses lilas. La forêt, pleine d’oiseaux qui s’envolaient au passage de la voiture, exhalait sa fraîcheur résineuse. Les pousses nouvelles des sapins sortaient, vert pâle, de leurs enveloppes brunes. Le coupé roulait sans bruit sur le chemin où les chevaux, de leurs sabots, lançaient le sable dans le soleil.

La voiture longea la Zorn qui coulait paisible entre ses rives renouvelées par le printemps. Des joncs se penchaient sur l’eau où des martins-pêcheurs venaient se mirer.

Après avoir traversé le canal, le cocher entra dans la grande rue de Saverne où habitaient les Hürting.

De temps à autre, l’on croisait des femmes en costume national, le large nœud sur la tête, le fichu arrondi devant avec les pointes nouées dans le dos, la jupe courte et froncée recouverte par le tablier orné de dentelle.

La voiture ralentissait, gênée par les vieux pavés, d’où jaillissaient des étincelles sous le choc des fers. Des enfants se garaient en criant ; des charretiers se rangeaient et des moineaux, au milieu de la chaussée, la quittaient au der-