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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/138

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voir toutes les vertus et opérer toutes les merveilles. Leur exaltation sur ce point est incroyable : plusieurs croient égaler Jésus ; d’autres s’estiment, sous certains rapports, plus forts que lui ; d’autres veulent être supérieurs à ses disciples, à Pierre, à Paul, à tous les apôtres. Quelques-uns ne trouvent aucune différence entre eux et Jésus. Leur âme a passé par les mêmes migrations, éprouvé le même mépris pour les anges, créateurs de ce monde ; ils sont dignes des mêmes grâces et de la même mission que Jésus : si vous méprisez les choses de la terre plus que le Christ, disent-ils, vous vous élevez au-dessus de lui.

D’ailleurs, prestiges magiques, imprécations, philtres aphrodisiaques, ostentations et divinations des songes, tous moyens du même genre, ils n’épargnent rien ; ils disent qu’ils ont, par là, le pouvoir d’enchaîner les anges créateurs de ce monde, et tout ce qu’il contient, Ne croyez pas qu’avec cela ils respectent le nom divin de l’Église ; ils l’insultent, comme les gentils, et semblent être, à ce sujet, les envoyés de Satan ; ils en éloignent tous ceux qu’ils connaissent : tous leurs auditeurs, prévenus, par leurs paroles, s’éloignent des prédications de la vérité : il en est même qui, par leurs suggestions, et sans que nous ayons avec eux aucune communication de doctrine, de mœurs et d’entretiens, nous blasphèment gratuitement. Du reste, leur vie n’est rien moins que chaste, et ils donnent à leurs déréglements l’autorité de leur doctrine ; ils seront donc justement condamnés, et recevront la juste récompense de leurs œuvres.

Ils poussent leur folie à un degré de perversité si grand, qu’ils disent que les choses impies, irréligieuses, mauvaises, leur seraient permises. Le bien et le mal dépendraient de l’opinion humaine ; de même que l’âme, sans perdre rien de sa nature, a passé dans les corps ; ils jugent qu’il n’est plus nécessaire de se préoccuper de rien, puisque la même transmigration peut avoir lieu plusieurs fois, et qu’elle n’est sujette à aucune dégradation. Ensorte qu’il serait permis de faire ce qu’on n’ose ni dire ni entendre, et ce que la pensée doit repousser avec horreur, ce que l’intelligence doit regarder comme incroyable ; ils nous