Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/142

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ne traite pas plus respectueusement les épîtres de saint Paul, dont il retranche tout ce qui établit manifestement la divinité de notre Seigneur, le Fils de ce Dieu qui a fait le monde, et tout ce que l’apôtre rapporte des prophéties qui annonçaient l’avénement du Fils de Dieu.

Point de salut hors des doctrines de Marcion, point de participation à l’immortalité pour les corps, puisque le corps est fait avec le limon de la terre. Voici encore une de ses fables blasphématrices, une de celles que sa bouche infernale se plaisait à répandre, pour insulter à la vérité :

Caïn, et tous ceux qui lui ressemblent, les Sodomites, les Égyptiens, toutes les nations enfin qui se sont souillées de crimes, auraient été sauvées par le Seigneur, au moment de sa descente aux enfers, lorsqu’elles vinrent à sa rencontre. Elles ont part maintenant à son royaume. Abel, Énoch, Noé, et tous les justes, tous les patriarches, avant et après Abraham ; tous les prophètes, tous ceux qui ont été agréables à Dieu, n’ont point été admis à la participation du salut prêché par celui que Marcion déteste. Comme ils n’ignoraient pas que leur Dieu les éprouvait sans cesse et que l’arrivée de Jésus était peut-être une nouvelle épreuve, ils ne vinrent pas à lui et ne crurent point à sa prédication ; aussi l’enfer les retint-il dans son sein ténébreux. Nul imposteur n’a osé altérer, mutiler avec tant d’impudence la parole sainte, s’attaquer à Dieu d’une manière plus audacieuse ; nous le réfuterons ailleurs, avec l’aide de Dieu, lui opposant ses propres écrits, et les paroles du Seigneur et des apôtres dont il se sert pour donner quelque vraisemblance à sa coupable doctrine.

Nous en avons parlé ici, c’était une nécessité, afin de vous faire connaître que tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, souillent et faussent la vérité, altèrent l’enseignement de l’Église, sont tous les disciples et les continuateurs de Simon le magicien. Si, pour séduire, ils n’invoquent pas le nom de leur maître, ils emploient du moins ses pensées. Ils se servent du nom de Jésus comme d’un moyen pour faire passer plus