Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Monogène. Car, dès que c’est à son insu que le Sauveur aurait opéré toutes les créations, il en résulterait qu’il s’ignorait lui-même, puisqu’il doit tout contenir, et qu’il aurait ignoré ses propres œuvres ; car, s’il est l’auteur de ses œuvres, il doit en connaître toutes les images. Voilà donc encore un énorme blasphème des gnostiques dévoilé.

Mais si tous les êtres de la création ne sont que des images et des ressemblances des Æons, nous demandons à nos adversaires comment il se peut faire que le nombre infini des choses créées se trouvât en rapport avec le nombre limité des Æons, qui n’est que de trente, ainsi que nous les avons comptés et nommés dans le livre qui précède ; et ce nombre de trente, non-seulement ne peut être en rapport avec la somme totale des choses créées, mais pas même avec la plus petite partie, soit des choses qui existent dans l’air, sur la terre ou dans les eaux. Le Plerum, de l’aveu de nos adversaires, ne compte que trente Æons, tandis que les créatures forment un grand nombre de milliers d’espèces. Or, comment se pourrait-il faire que le nombre infini des créatures, leur infinie variété, leurs oppositions et leurs contrastes, fussent l’image des trente Æons du Plerum, qui d’ailleurs sont tous d’une même nature, sont tous semblables, et sans la moindre différence ? Si les êtres créés sont des images des Æons, et si parmi ces êtres créés il est certain qu’il y en a de bons, d’autres de méchants, il fallait donc démontrer que parmi les Æons, qui en sont les types, il y en a aussi de bons et de méchants : ce n’est qu’ainsi que cette fable pourrait avoir quelque air de vraisemblance. Et d’ailleurs, parmi les créatures animées, il y en a d’un naturel doux, d’autres d’un naturel féroce : les unes sont nuisibles, les autres ne le sont pas ; les unes habitent sur la terre, celles-ci dans les airs ; celles-là, dans les eaux ; et d’autres, dans les régions supérieures. Il faudrait donc faire voir que les Æons correspondent à toutes ces variétés par la diversité de leurs natures ; il faudrait aussi nous montrer quels sont les Æons qui sont les types de ces êtres pervers, pour lesquels Dieu a préparé le feu éternel ; c’est-à-dire le démon et ses anges, et aussi quel est