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le type de ce feu éternel, puisqu’il fait partie des choses créées.

Mais peut-être diront-ils que les choses créées sont les images seulement de cet Æon qui a souffert ; mais d’abord une telle proposition serait un blasphème contre la mère des Æons, puisque ce serait admettre que celle-ci aurait été la première cause génératrice de tous les maux et de tous les crimes qui affligent le monde. Et puis, comment se pourra-t-il que les objets de la nature, qui sont si différents entre eux, si dissemblables, si opposés même, soient tous l’image d’un seul et même être ? Ils ne seront pas plus avancés de dire qu’il y a un grand nombre d’anges dans le Plerum et que les objets créés, dans leurs variétés, sont les images de cette multitude d’anges. Il faudrait d’abord, pour donner quelque vraisemblance à cette hypothèse, montrer que ces anges ont entre eux des natures opposées, comme en ont entre elles les créatures inférieures. Et ensuite, puisque les prophètes nous apprennent qu’il y a un nombre infini d’anges : « mille millions le servaient, et dix mille millions étaient devant lui, » il faudrait donc prouver que cette multitude d’anges offrent entre eux les mêmes variétés, les mêmes différences, les mêmes oppositions qu’offrent entre elles les créatures dont ils seraient les types ; ainsi la difficulté resterait toujours la même, et il faudrait toujours la débattre avec les trente Æons du Plerum.

Mais supposons que les créations inférieures ne soient que des images des essences du Plerum, on pourra demander de quels types ces essences du Plerum seraient elles-mêmes l’image. Car, si le Créateur du monde, d’après le système de nos adversaires, n’a pas formé par lui-même les objets de la création, mais n’a fait, semblable à un ouvrier expérimenté, que copier des types inventés par un autre, d’où Bythus lui-même aurait-il tiré ces types ? Car, dans cette hypothèse, il faut toujours chercher un créateur supérieur, qui ait fourni des modèles de création à celui qui vient après lui, et successivement ainsi de l’un à l’autre, sans savoir où l’on s’arrêtera. Car, si on ne se fixe pas à un premier architecte du monde, à un Dieu suprême, qui a fait par lui-même tout ce qui existe,