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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/193

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pour la matière dont elle est faite. Ces êtres parfaits sont, dans le système des valentiniens, ceux qu’ils placent dans leur Plerum. Les pythagoriciens rangent au nombre des êtres intelligents tous ceux qui sont entraînés par un besoin de leur être vers la recherche de la vérité, et qui n’ont point de repos jusqu’à ce qu’ils l’aient enfin trouvée dans ce qu’elle est, une et indivisible : Ainsi un, ou le simple et l’indivisible, est l’origine de toutes les créations. De là sortent les assemblages de nombres, de deux, la dyade ; de quatre, la tétrade ; de cinq, la pentade et ainsi de suite. Les valentiniens ont encore voulu adapter à leur système cette idée des nombres, quand ils parlent de leur plénitude et de leur Bythus ; et encore, leur union, ou conjugaison revient à la puissance de l’unité des pythagoriciens, quoique Marcus ait affecté de donner cela comme étant de son invention, et pour avoir l’air d’avoir imaginé quelque chose de plus que les autres : il soutient d’ailleurs que l’origine et le principe de toutes choses est renfermé dans la quaternation de Pythagore.

Maintenant, nous leur demanderons si tous les philosophes dont ils ont emprunté les systèmes ont connu ou n’ont pas connu la vérité. Que s’ils l’ont connue, il en résultera que la venue du Christ sur la terre était entièrement inutile. À quoi bon en effet y serait-il descendu ? Aurait-ce été pour révéler la vérité aux hommes, à qui déjà elle aurait été connue ? Ou bien ces philosophes, dont ils empruntent les systèmes, n’ont pas connu la vérité : mais s’ils ne l’ont pas connue, comment nos adversaires eux-mêmes, en répétant les erreurs de ces mêmes philosophes, peuvent-ils se flatter d’enseigner et de révéler aux hommes cette suprême vérité ? Ainsi, par antiphrase, ils appellent science de la vérité ce qui est l’ignorance de cette vérité même. Aussi saint Paul a-t-il raison de dire : « Les nouveautés profanes de paroles, d’une doctrine qui a faussement le nom de science. » Leur science, en effet, est bien la fausse science. Mais peut-être que, ne pouvant répondre à cet argument, ils chercheront un faux-fuyant, et ils pousseront l’impudence jusqu’à dire que ces philosophes n’ont pas connu la vérité par