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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/194

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eux-mêmes, mais qu’ils n’en ont été que les échos et comme les prophètes inspirés par la mère de toute science, et que tout cela s’est fait à l’insu de Demiurgos ? Nous leur répondrons d’abord, que jamais aucun de ces philosophes n’a dit une pareille chose, et que personne ne s’en était douté. Et comment supposer qu’eux-mêmes, et ensuite leurs disciples, n’auraient pas eu l’intelligence de ce qu’ils enseignaient ? D’ailleurs, on ne peut pas se dispenser d’admettre, d’après ce qu’ils nous disent, que la mère de toute science, dont ils auraient été les prophètes, avait elle-même connu la vérité, et le Père, qui est la vérité, puisqu’elle le faisait annoncer au monde : mais alors, et d’après leur aveu, le Sauveur aurait donc menti, quand il a dit : « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, » puisque leur mère Achamoth ou sa progéniture aurait connu cette vérité, c’est-à-dire les mystères du Père.

Et cependant ces contradictions n’ont pas empêché que ces hérétiques n’aient séduit un certain nombre de personnes qui ne connaissaient pas encore le vrai Dieu ; ce qu’ils ont fait en flattant leurs passions, et en faisant passer insensiblement les esprits des idées qui leur sont familières jusqu’aux plus hautes spéculations, et leur expliquant à leur manière les mystères de la création, la puissance créatrice du Verbe et tous les secrets de la vie et de la parole. Mais, nous ne craignons pas de dire, et nous le faisons sans vanité, qu’ils ont menti et qu’ils ont erré sur tous les points. Ils ont agi comme ces chasseurs qui tendent des piéges aux bêtes sauvages, en les amorçant par l’appât des choses dont elles sont friandes ; mais une fois prises à leurs filets, elles ne peuvent plus se dégager et ils les mènent partout où ils veulent : de même ces faux docteurs endoctrinent ceux qui les écoutent en flattant les idées qui leur plaisent, et les amènent insensiblement à croire les choses les plus chimériques et les plus absurdes, et enfin tout le système inadmissible de leurs folles créations. Ainsi, ils leur ont fait croire, sans preuves et sans raisons capables de donner quelque vraisemblance à ces chimères, que dix Æons étaient provenus de l’union de Logos et de Zoé ; qu’il en était né douze d’Anthropos