Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/208

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sance de la perfection, les entend-on dire, aussitôt qu’ils l’apperçoivent, que cette contemplation les jette dans l’ignorance et dans la consternation ? ne disent-ils pas, au contraire, qu’ils sont heureux, dans l’espérance de posséder la vérité ? Comment veut-on donc que ce qui élève l’homme vers la perfection et le bonheur puisse faire tomber un être divin dans l’ignorance et dans le malheur ?

Ainsi, cette manière d’argumenter est sans valeur et blesse toutes les idées reçues. D’ailleurs, ils avouent que l’Æon dont ils se disent les représentants et les successeurs est plus ancien et d’une nature plus parfaite qu’eux-mêmes, nous assurant qu’il descend directement de cet autre Æon qui a été assujetti à la souffrance ; ensorte que cet Æon, dont ils procèdent, a été le père de leur mère Achamoth, et, par conséquent, leur propre aïeul. Ainsi, il arriverait que pour eux, qui sont les petits-fils de cet Æon, la recherche de la vérité et de la perfection serait une chose bonne en elle-même, et qui les conduirait au bien suprême, tandis que cette même recherche du vrai et du bien aurait été pour leur aïeul une cause d’ignorance, de souffrance, de crainte et de terreur ; causes singulières, qui devaient engendrer la matière. Comment une telle contradiction, disons plus, comment une telle absurdité ne frappe-t-elle pas leurs esprits ? Car vraiment, c’est être aveugle et se laisser conduire par d’autres aveugles, que de soutenir de pareilles choses, et d’aller se précipiter dans un abîme d’erreurs.