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vase qui le contient ; et si cette eau vient à geler, la glace qui en résultera aura la forme du vase. Cela étant, comment donc la semence divine dont on nous parle produirait-elle des formes d’anges, puisque nous voyons, par l’exemple de Demiurgos, qu’elle ne produit que des formes humaines. Puisqu’elle était bonne pour les esprits, qu’a-t-elle eu besoin de descendre dans la chair ? C’est, au contraire, la chair qui a besoin de l’esprit, s’il est vrai qu’elle doive être sauvée par lui, être glorifiée par lui, et que le principe de mort qui est en elle doive être absorbé par le principe de vie et d’immortalité. On ne voit donc pas comment ce qui est de l’esprit pourrait avoir besoin de ce qui est de la matière. L’esprit nous rend meilleurs ; mais nous, nous ne pouvons rendre l’esprit meilleur.

Voici qui démontrera plus clairement encore tout ce qu’il y a de faux dans ce qu’ils disent relativement à cette semence divine. En effet, ils prétendent que les âmes sur lesquelles la mère Achamoth aura répandu de cette semence divine seront d’une nature plus excellente que les autres, qu’elles seront protégées par Demiurgos, et qu’elles deviendront les âmes des princes, des rois et des prêtres. Mais si cela était, on aurait vu le grand-prêtre Caïphe, Anne, et tous les autres grands-prêtres avec les docteurs de la loi, les princes du peuple, et avant tous, le roi Hérode, croire en notre Seigneur, par l’effet de ce privilége de la nature de leur âme. Or, c’est justement le contraire qui est arrivé ; car ce ne furent ni les grands-prêtres, ni les princes, ni les chefs du peuple qui accueillirent Jésus-Christ, mais les pauvres qui mendiaient le long des chemins, mais les sourds et les aveugles, mais ceux qui étaient méprisés par la foule ; ce qui fait dire à saint Paul : « Considérez, mes frères, qui sont ceux d’entre vous qui ont été appelés à la foi ; il y en a peu de sages selon la chair, peu de puissants et peu d’illustres. Dieu a choisi les plus vils et les plus méprisables selon le monde. » On voit donc par là que les âmes des grands et des puissants de la terre n’étaient point les plus excellentes parmi les hommes.

Ce que nous avons dit jusqu’à présent suffit pour démontrer