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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/264

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ment dans sa pensée l’action qu’il veut donner à l’instrument, et la communique à l’instrument avec un mouvement moins rapide, à cause de l’immobilité dont celui-ci est doué, ce qui rend ensuite l’action plus parfaite par le mélange de la lenteur de l’instrument combinée avec la vivacité des conceptions de l’opérateur. Il en est ainsi des mouvements de l’âme, qui sont tempérés par la lenteur naturelle des mouvements du corps. Elle ne perd point pour cela les facultés qui lui sont propres, et tout en communiquant la vie au corps, elle ne la perd point elle-même ; de même aussi en communiquant sa propre action aux organes du corps, elle ne perd rien, ni de son action virtuelle, ni de la mémoire des choses perçues par les sens.

En admettant donc que l’âme ne puisse avoir notion que des choses présentes et actuelles, il faut conclure aussi qu’elle n’a jamais été antérieurement unie à quelque autre corps dans lequel elle aurait fonctionné ; car elle ne saurait les connaître. Et elle n’est pas, dans cette hypothèse, capable de connaître les choses qu’elle ne voit pas.

C’est donc Dieu qui, par sa puissance, fait don à chacun de nous d’une âme ainsi qu’il nous a donné un corps. Et Dieu n’est pas tellement borné dans sa puissance et dans ses dons, qu’il ne puisse faire autant d’âmes qu’il a fait de corps, et leur donner à tous un caractère qui leur soit propre. Lors donc que le nombre des humains déterminé par sa sagesse sera rempli, tous ceux qui sont inscrits sur le livre de vie ressusciteront avec leur âme, leur corps et leur intelligence, dont ils auront fait usage pour se rendre agréables à Dieu. Ceux, au contraire, qui auront mérité sa colère iront recevoir le châtiment de leurs fautes, en conservant l’âme et le corps avec lesquels ils auront offensé la bonté de Dieu. Tous dès lors ne seront plus susceptibles ni de procréer ni d’être procréés, ni de contracter des unions de sexes, afin que le nombre d’élus déterminé par la Providence divine reste ainsi définitivement fixé.