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nait, en parlant leur langage, leur proposer les rêveries inventées par les hérétiques, vous les verriez fermer aussitôt leurs oreilles à ces discours, et s’enfuir au loin jusqu’à ce qu’ils n’entendissent plus ces blasphèmes impies. Aussi, dans leur profond attachement à la tradition qu’ils ont reçue des apôtres, ils ne supposent même pas qu’on puisse chercher à y porter atteinte, car il n’y a jamais eu parmi eux ni secte ni hérésie.

Les hérésies sont d’une date plus récente que l’établissement de l’Église. Car ceux, par exemple, qui ont adopté les erreurs de Valentin n’existaient pas avant Valentin ; ni ceux qui se sont attachés à la secte de Marcion n’étaient pas avant Marcion ; pas plus que toutes les sectes perverses, dont nous avons fait l’énumération, n’existaient avant ceux qui en ont été les auteurs et les propagateurs.

Valentin vint à Rome vers le temps de l’épiscopat d’Hyginus ; l’Église de Rome était sous l’administration de l’évêque Pie, lorsqu’il propagea son hérésie ; et il vécut jusqu’à l’avénement d’Anicet à l’épiscopat. Quant à Cerdon, qui était antérieur à Marcion, il vivait à Rome du temps de l’évêque Hyginus, qui fut le huitième depuis les apôtres, il fréquentait l’assemblée des fidèles, et répandait le venin de ses erreurs tantôt en prêchant publiquement, tantôt dans des conférences secrètes ; mais il fut ensuite traduit devant les prêtres pour rendre compte de sa conduite, et fut enfin forcé de se retirer de la société des chrétiens.

Marcion, qui suivit Valentin, fit quelques prosélytes au temps d’Anicet, qui était le dixième évêque depuis les apôtres. Quant aux autres hérétiques, connus sous le nom de gnostiques, ils reconnaissaient pour chef Ménandre, disciple de Simon, comme nous l’avons déjà dit ; du reste, chacun d’eux prenait pour patron l’homme dont il professait plus particulièrement les principes. Mais ce fut plus tard, et vers le second âge de l’Église, que toute cette secte des gnostiques professa ouvertement l’hérésie.