Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous les Chrétiens, en les invitant à faire ce qu’il n’aurait point fait lui-même. Ainsi, quant à nous, en souffrant avec résignation, nous serions au-dessus de celui qui s’est dit notre maître, puisqu’il n’aurait ni rien enduré, ni rien souffert. Mais pour nous montrer qu’il est seul notre maître il a réellement souffert, quoique le fils de Dieu ; et il s’est fait homme, tout verbe de Dieu qu’il est. En effet, il a combattu, et il a vaincu : il était comme un homme qui combat pour sauver sa patrie ; il a effacé, en se soumettant à l’humiliation, la souillure de la révolte ; en triomphant du péché, il a enchaîné le fort ; il a donné la liberté aux faibles ; il a apporté le salut à l’être créé à son image. Car la bonté et la miséricorde du Seigneur, pour le genre humain, sont sans bornes.

Jésus-Christ, par sa toute puissance, a donc uni dans sa personne l’homme à Dieu, ainsi que nous l’avons déjà dit. Il fallait, en effet, que l’ennemi de l’homme fût vaincu par l’homme, afin que la victoire fût complète : il fallait en outre, pour que notre salut fût assuré, que ce fût un Dieu qui nous le garantît. Et d’autre part, si notre humanité n’avait pas été unie à sa divinité, elle n’aurait pu participer à l’incorruptibilité divine. Il fallait donc un médiateur entre Dieu et l’homme qui, par son alliance avec chacune de ces deux natures, opérât leur indissoluble réconciliation, et fît que Dieu adoptât l’homme et que l’homme se donnât à Dieu.

Et comment aurions-nous pu devenir participants de cette adoption divine, si elle ne nous avait pas été communiquée par le fils de Dieu même, qui en est l’auteur, et par l’inoculation de son Verbe, qui s’est fait chair pour nous ? Car il est venu pour sauver tous les hommes, quelle que soit l’époque où ils auront vécu, les faisant tous également participants de l’adoption de Dieu. Ainsi, ceux qui prétendent que la manifestation du Christ a été purement idéale, qu’il ne s’est ni incarné, ni fait homme, ceux-là sont encore sous le joug de la damnation, se font les avocats du péché, et sont sous la domination de la mort, « qui a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient point péché par une transgression semblable à celle